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Critique de Sachenka


Deuxième lecture de Kazuo Ishiguro et deuxième satisfaction. Cette fois-ci, au lieu d'un de ses romans, j'ai essayé un recueil de nouvelles, Nocturnes. le sous-titre l'explique très bien, la musique est au coeur de ses courtes histoires et, quant au crépuscule, je peux l'associer à une certaine nostalgie qui les empreint, soit le succès qui abandonne tranquillement certains artistes sur le déclin ou soit les débuts difficiles qui pourraient pousser des jeunes à abandonner ce métier avant même que leur carrière n'ait décollée.

Mais je vais trop vite. Plus haut, j'écrivais que ce recueil était constitué de courtes histoires. Oui, mais pas trop. La plupart comptent une cinquantaine de page, la plus longue en a septante-cinq. Ainsi, je sens que je peux m'investir dans leurs protagonistes, me sentir concerné par leurs aventures sans craindre de les voir disparaître à jamais. D'autant plus que les tranches de vie qui sont proposées ne prennent pas fin abruptement, n'offrent pas de réelles conclusions. Je peux m'imaginer la suite dans ma tête…

Kazuo Ishiguro promène ses lecteurs en différents endroits d'Europe et d'Amérique. Sans qu'il n'entre dans des descriptions sans fin, l'auteur glisse suffisamment d'informations pour qu'on s'en fasse une tête, pour qu'on ait l'impression d'y être et de ressentir les mêmes émotions que ses personnages. Et ces lieux, et l'atmosphère qui s'en dégage, conviennent à chacune des situations. La terrasse d'un café italien pour les rencontres opportunes et presque irréelles, l'hôtel hollywoodien pour les scènes de couple pas très glamour, l'appartement miteux pour la situation pathétique d'un jeune artiste sans le sous, la campagne anglaise pour l'autre qui cherche un endroit calme et bucolique pour composer ses chansons en paix, etc.

Mais, surtout, il y a ces personnages. Ils pourraient être vous ou moi, n'importe quel jeune qui cherche à vivre de son art – c'est beau, les rêves ! – ou bien n'importe quel individu qui a connu un certain succès dans sa carrière et qui doit accepter d'être éventuellement remplacé. Ça ne s'applique pas qu'à la musique.

Le narrateur de la première nouvelle est un jeune musicien qui espère percer (sérieusement) dans le métier. Pour l'instant, il n'est qu'un « Bohémien », il joue dans les petits clubs. Puis, un jour, il croise un chanteur à succès sur le déclin et ce dernier, plutôt que de le regarder de haut, commence à échanger avec lui, à lui donner des trucs. Un peu comme un mentor le ferait avec une recrue. Mais leurs échanges ne se limitent pas à la musique, il y est question de la célébrité, des femmes, de la vie quoi !

C'est pareil pour les autres nouvelles. Je ne vous les résumerai pas toute, il suffit que je vous dise que la plupart ont comme narrateur un jeune homme qui souhaite faire carrière dans la musique. Leurs aventures ne concernent pas toujours directement leur art, bien souvent ils apprennent des leçons de vie. Par exemple, dans Les collines de Malverne, le narrateur prend pitié d'une vieille enseignante et découvre que la vie en couple n'est pas aussi rose qu'il le croyait. Dans Nocturne, il apprend que la célébrité a ses couts.

Mais il n'y a pas que les protagonistes qui sont importants. Les personnages « de soutien », si on me permet cette expression plus propre au cinéma, apportent beaucoup. Je pense à Tony Gardner, ce cronner sur le déclin, qui n'est pas amer ni aigri malgré la célébrité qui l'abandonne petit à petit. Il a une attitude sage et humaine. Pareillement pour son épouse Lindy, qui revient dans la quatrième nouvelle, qu'on découvre moins superficiel qu'on ne l'aurait cru. Et que dire de la virtuose Eloise McCormack ? Ils sont tous touchants, vrai malgré leurs travers !

J'ai passé de très agréables moments à lire ces nouvelles. Je les recommande vivement.
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