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Critique de Alfaric


Pas facile de redémarrer les aventures de la team 009 après la conclusion à la fois épique et tragique du résolument culte Arc de Yomi, surtout quand on est passé chez un nouvel éditeur quo vous demande de mettre de l’eau dans votre vin… Ce tome 7 contient les récits intitulé "L’Île aux monstres" et "Une Terre de conflits".

Dans "L’Île aux monstres", le dernier rescapé d’un cambriolage qui a mal tourné met la team 009 jusqu’à un repaire tokyoïte d’une équipe de savants fous qui leurs envoient leurs création : insectes venimeux, fauves de combat, rats tueur, morts-vivants, géants guerriers, soucoupes volantes… Les savants fous se replient dans leur base alpha, et grâce à 007 qui les a poursuit l’aventure continue : poisson géant, oiseaux géants, crabes géants, barbares colossaux…
Ah ça sent la VF vintage, genre Edgar Rice Burroughs, mais je me suis tout de suite imaginé les créations du magicien des effets spéciaux Ray Harryhausen. L’île aux monstres possède de faux airs de Skull Island (cf. "King Kong"), mais emprunte clairement à "L’Île mystérieuse" de Jules Verne et "L’Île du Docteur Moreau" de H.G. Wells. Dommage que les méchants cartoonesques et aussi grotesques à tous les niveaux : M. Fauve, M. Kong, le Docteur Dracula, le Docteur Vipère et le Professeur Alligator (qui deviendront tous 10 ans plus tard des méchants de séries live tokusatsu)

Dans "Une Terre de conflit", Shotaro Ishinomori nous refait le coup de son récit sur la Guerre du Vietnam, et sa présentation de la situation au Moyen-Orient est vraiment bien sentie. Mais ensuite on oublie les protagonistes du conflits (comme les méchants du récit précédent, que nos héros sont censés retrouver) pour accumuler les péripéties faiblardes : fourmis géantes, scorpions géants, bédouin fou transformé en bombe humaine, une tribu du désert qui ne sert à rien du tout, un couple d’archéologue dont tout le monde se contrefout et un chameau mutant intelligent servant de comic relief (qui aura son heure de gloire avant de mourir avec son « vivre libre, ou mourir ! ») Il faut attendre l’arrivée du big boss avant d’entrer dans le vif sujet !
Le mangaka ne cache pas ses sympathies en faisant du grand méchant le dénommé Moïse : si on s’inspire clairement du Charlton Heston des Dix Commandements, je n’ai pas m’empêché penser qu’il ressemblait étrangement au Dr mais mine de rien il ressemble beaucoup au Docteur Hell de "Mazinger Z" (Go Nagai) et au Retsudo Yagyu de "Lone Wolf & Cub" (Kazuo Koike et Goseki Kojima)
002 et 009 sont confrontés aux pouvoirs de Moïse, 004, 006 et 007 sont confrontés à son robot géant méga-refroidissant, et le reste de l’équipe à son armée de gladiateurs géants... Mais ouf, deus ex machina de 001 qui se réveille pour sauver tout le monde, et la base de Moïse s’autodétruit une fois atteint le zéro absolu !


Au final un tome clairement moyen, mais il y a plein de truc bien quand même :
- le duo comique formé par 006 et 007, qui empruntent à Laurel et Hardy, est assez attachant
- 003 que tout le monde prend pour une potiche voire une bonniche commence à se rebiffer, et pas qu’un peu, allant jusqu’à en remontrer à ses compagnons d’armes gentiment machos (on sent que le women’s lib se rapproche rapidement)
- les véhicules sont de mieux en mieux dessinés, et on est proche d’un passionné comme Roger Leloup ("Yoko Tsuno")
- les décors sont de plus en plus travaillés, nous offrant de plus en plus souvent des planches voire des double planches de toute beauté tantôt dans la lignée de "2001 L’Odyssée de l’espace" (qui à l’époque du manga n’était pas encore sorti), tantôt dans ligné de DC/ Marvel comics (ben oui, le fond de commerce de la série c’est le mélange entre baston et existentialisme ^^)
- les clins d’œil à la SF vintage ou de l’époque, mais aussi tous ceux aux à une culture cinéma de bon aloi
Bref, si le fond est un peu faiblard, la forme elle ne fait que gagner en maturité. Je comprends mieux pourquoi il est considéré dans le milieu du manga comme l’égal de Stan Lee ou Jack Kirby dans le milieu de comics.


PS1 :
J’avais déjà signalé que Go Nagai avait emprunté tout au presque à son maître Shotaro Ishinomori, mais là entre les requins géants, les vaisseaux des sables, les pepla, les westerns, les clins d’œil à James Bond et à la Nouvelle Vague, sans parler du mélange entre humour et epicness to the max…. difficile de ne pas voir les liens avec Buichi Terasawa l’auteur de "Space Adventure" Cobra (et comme ces deux mangakas qui partageait autant de trucs ont travaillé ensemble au sein du studio Tezuka, j’imagine qu’ils ont dû bien s’amuser ensemble !)

PS2 :
Sérieux c’est quoi ces prescripteurs d’opinion qui qualifient cette série de mal dessinée et mal scénarisée, bref de sans originalité et de complètement dépassée, en passant sauf silence qu’elle a déjà 50 ans alors que ce fut le plus grand shonen de son temps qui réussi l’exploit de surpasser maître Ozamu Tezuka !
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