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Critique de pititecali


Voilà un livre totalement effarant !



"Effarant", pas dans le sens "mauvais", même si ce n'est évidemment pas le style de bouquin qu'on est susceptible de qualifier de bijou littéraire, mais "effarant" dans le sens où il fait prendre conscience de certaines choses, et c'est pas joli joli !

Facebook m'a tuer, c'est une série d'anecdotes, des petits bouts de vie, d'histoires, de personnes comme vous et moi, qui nous ouvrent une petite porte sur leur quotidien, connectés H24. Des gens "en ligne".

La première chose qui m'a frappée, c'est à quel point leur vie va vite. Ils courrent, ils courrent, les furets ! Sincèrement, j'ai eu l'impression de faire cette lecture sous speed ou sous ecstasy. Ils m'ont flippée, ces gus, à courrir partout ! Courrir où ? Pour faire quoi ?
Ben rien du tout, c'est ça le plus beau. Ils sont tout le temps pressés, à te bousculer dans les escalators du métro, à refuser un rendez-vous avec un(e) ami(e) parce qu'ils n'ont pas le temps, à repousser le coup de fil à leur mère, qu'ils se promettent de passer depuis des semaines... Parce qu'ils ont un agenda surchargé ? Absolument pas. Ils courrent parce qu'ils doivent vite vite vite rentrer se connecter, retrouver le réseau, faire partie de la grande toile du web.

Regardez autour de vous ! Ce couple d'amoureux au resto (et peu importe leur âge !) même plus capable de se tenir la main et de se regarder langoureusement dans le blanc des yeux, chacun de son côté, les yeux rivés sur leur i-Phone. La même chose pour ces deux potes qui se promènent, et qui ne se sont pas vus depuis des mois, qui marchent côte à côte sans se calculer, oreillette dans l'oreille, car ils ont un "appel important à passer". Cette maman, qui, assise sur un banc au parc, surfe sur facebook et lieu de sourire à son fils qui vient de réussir enfin à grimper tout en haut du grand toboggan, et qui menace de se vautrer la tête la première sur le bitlume. Cette jeune fille moderne, qui n'envisage ses vacances que selon les éventuelles photos qu'elles pourrait y faire et afficher à la vue de tous ses contacts pour se trouver au centre de l'attention.

C'est pas glorieux tout ça, hein ?

Et vous savez ce qui l'est encore moins ?

Se reconnaître dans quasiment toutes les situations. Se dire "han, je fais ça aussi." ou "ah ben ça m'est arrivé la semaine dernière, tiens". Et quand les ressemblances s'enchaînent (sincèrement, à part les anecdotes sur les sites de rencontre et de sexe, je me suis retrouvée dans toutes les histoires, pratiquement. Ou au minimum j'y ai reconnu une des mes connaissances proches.

Ben oui, au boulot, quand on prend la pause à plusieurs, on dégaine tous les portables à peine entrés dans l'ascenseur, privés qu'on a été de notre "connexion" à l'INTERNET MONDIAL pendant quelques heures de taff. Quand je vais au resto avec mon mari, mon smartphone est posé à côté de moi, sur la table, et si ça "bipe", je ne me gêne pas pour y jeter un oeil. (je vous rassure il fait pareil, on fait TOUS pareil).

Et oui, je me suis déjà assise dans l'herbe au soleil avec mon téléphone, en envoyant les petits jouer plus loin, les surveillant juste du coin de l'oeil vite fait (bon, il n'y avait aucun moyen qu'ils se mettent en danger, mais n'aurais-je pas du profiter de ces instants ? les couver d'un regard bienveillant ? Leur sourire en leur faisant coucou et en les encourageant à s'amuser ?

Ne vous mentez pas, on en est tous là ! Que celui qui n'a jamais fait une petite visite "culturelle" dans le but de prendre quelques photos et de pouvoir "se la ramener" sur facebook, ou n'importe quel réseau social, en s'identifiant, se géolocalisant, et en faisant un petit selfie devant l'entrée du monument ou du bâtiment à visiter, histoire d'être sûr que tout le monde puisse bien comprendre où il est, me jette la première clé USB !

Alors oui, je me suis reconnue sans surprise dans ce thème, mais j'avouerais que le lire noir sur blanc, constater à quel point le monde entier peut-être contaminé, et déshumanisé à vouloir trop briser sa solitude à coups de pokes et de likes virtuels, au point de délaisser la "real life" au profit de farmville ou d'adopteunmec, juste pour le "plaisir" bien pâlichon de tout "partager" avec ses "amis" sans plus jamais profiter de ce qu'ils ont sous les yeux, ça m'a vraiment fichu une sacrée claque. Je n'aime pas ça du tout du tout. C'est quoi ce monde poucrave, sérieux ?

Ce livre, s'il n'est pas le chef d'oeuvre littéraire du siècle, nous met face à une réalité qui dérange. En tout cas, qui ME dérange. Et pourtant, je sais que je ne suis pas dans les plus atteintes. Je déteste téléphoner, je n'ai AUCUNE appli sur mon portable, à part Facebook. On va dire aucune appli inutile alors ! Et pourtant, si je me regarde attentivement, mon comportement, que je sois seule ou pas, me laisse vraiment un goût amer.

Je voudrais changer, je voudrais consacrer plus de temps et d'attention à la vie réelle qu'à des amis virtuels qui, pour les trois quarts, ne lèveraient sûrement pas le petit doigt si j'appelais à l'aide. Mais je doute qu'un retour arrière soit possible (dit-elle en partageant un avis sur son loisir, la lecture, sur son petit blog, son petit salon virtuel, espérant que 5 ou 6 clampins passant par là prendont le temps de la lire, et peut-être même qu'un ou deux laisseront une trace écrite de leur petit tour virtuel sur mon territoire virtuel. Pathétique, non ?)

Et vous pouvez tous le lire, ce livre, vous ressentirez tous la même chose, parce qu'on est tous comme ça ! (c'est encore pire comme constat !)



Cali
Lien : http://calidoscope.canalblog..
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