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Critique de beatriceferon


Chat, Japon, haïkus... En voilà un livre fait pour moi. Il réunit trois de mes passions.
Si je l'ai immédiatement repéré dans la liste d'ouvrages proposés par Masse critique, c'est sans trop d'illusions que je l'ai sélectionné. Je pensais qu'un aussi beau volume trouverait preneur bien avant moi. Mais la chance m'a souri et, quelques jours plus tard, il atterrissait dans ma boîte aux lettres. Encore plus somptueux que je ne l'imaginais. La couverture est toilée et, lorsqu'on ouvre, un paravent à six panneaux du XVIIIe siècle se déploie sur les pages de garde. On peut s'amuser à y repérer les petits félins occupés à se livrer à quelques diableries sous l'oeil sévère de leur mère.
La préface du traducteur, Seegan Mabesoone explique très clairement tout ce qu'il faut savoir avant de découvrir le travail de ce poète que, pour ma part, je ne connaissais pas. J'avais bien tort, car j'apprends que c'est un grand ami des animaux. Il est « de tous les hommes de lettres japonais, celui qui composa le plus grand nombre d'oeuvres en l'honneur » du chat, mais on trouve aussi beaucoup de textes consacrés aux papillons, grenouilles, chiens, moineaux. Et on découvrira au fil des pages une nature luxuriante qui nous offre des insectes, arbres, fleurs et plantes de toute sorte.
Il est étonnant de lire que ce lettré si subtil est le fils de simples « paysans modestes du nord du Japon » qui ne lui accordaient ni attention ni amour. Il avait perdu sa mère à trois ans et sa belle-mère ne l'aimait pas. Mais ce malheur engendre un bien. On l'envoie à Edo (actuelle Tokyo) dès qu'il a quatorze ans. Il travaille comme domestique, mais s'instruit aussi et s'initie à la poésie. Ainsi, parti de rien, il deviendra un maître de son art qu'il enseignera.
Bien que très courts, ses textes cachent des morales ou des allusions à des personnes de son entourage. Ainsi son fils aîné, « rachitique comme une rainette » apparaît sous les traits d'un batracien et lui-même, quand il était jeune, avait l'apparence d'un moineau étourdi et insouciant.
J'apprends aussi que « le rôle du plus petit des félins dans la littérature japonaise classique était, au départ, circonscrit au thème très conventionnel des "amours des chats" », mais, si ces textes délicats « évoquent toujours une certaine mélancolie déjà surannée », les haïkus d'Issa, au contraire, mettent très (trop à mon goût) souvent en scène des « chattes en chaleur », beaucoup plus réalistes !
Au fil des pages, on pourra lire les poèmes, écrits en grands caractères et accompagnés de leur version originale en kanjis. Ils sont illustrés d'oeuvres très diverses : douces et raffinées, comme la chatte et ses petits au pied d'un arbre couvert d'une glycine en fleurs, réalistes, tel ce matou endormi de Foujita, un peintre que j'apprécie beaucoup et qui, lui aussi, aimait les félins. C'est celui-ci qui a été choisi pour illustrer la couverture. Certaines planches sont surprenantes, tel cet animal multicolore, assez laid, à première vue, jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'il est, en réalité, composé d'une multitude de chatons endormis, un peu à la manière des tableaux réalisés par Arcimboldo, figurant des portraits créés par une accumulation de fruits ou de légumes. D'autres sont très comiques comme ceux qui sont habillés et se comportent comme des humains.
On admirera aussi des fleurs ou des oiseaux, serpents, lézards, ainsi que des photos pour illustrer ces poèmes dont je ne donnerai qu'un exemple qui m'a particulièrement plu pour l'évocation des tous les sens et pour sa sérénité :

La clochette du chat résonne
Les chrysanthèmes fleurissent...
Calme soir d'automne.

J'ai adoré ce recueil et je remercie de tout coeur Babelio et les éditions de la Martinière de me l'avoir offert.
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