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Critique de Berthelivre


« Oncle Anghel » est, semble-t-il, le deuxième livre d'une série de quatre, publiés sous le titre « Les Récits d'Adrien Zograffi ». Je voulais lire le premier, « Kyra Kyralina », que l'on m'avait vanté, l'étal du bouquiniste du vendredi m'a proposé « Oncle Anghel ». Allons-y pour « Oncle Anghel » !

Ne serait-ce que pour la préface de Georges Kessel, qui a été très proche d'Istrati, et qui le raconte avec sa verve et son panache habituels, l'arrêt devant l'étal du bouquiniste était une bonne idée.

L'oncle Anghel qui était un homme honnête, généreux, travailleur, aimant sa femme et ses enfants, mais aussi bon vivant et d'un heureux caractère, a été poursuivi par un destin cruel qui lui a tout fait perdre, y compris ses trois enfants. Il se suicide à petit feu, verre d'alcool après verre d'alcool. Mais il garde des idées très claires sur le non-sens de sa vie, sur le non-sens de ce que le prêtre lui raconte. A cette époque-là (entre 19ème et 20ème), en ce lieu-là, (village rural de Roumanie), il scandalise par ses déclarations iconoclastes, au cours d'un repas de Noël.

Quelques années plus tard, mourant, il convoque son neveu – le narrateur du livre - à son chevet. Par l'exemple de sa déchéance physique, mais aussi de sa lucidité intacte, il veut convaincre son neveu de l'importance à accorder à l'essentiel, à la réflexion, à l'étude, à la sagesse. Mais le neveu peine à accepter les dires d'Oncle Anghel, et c'est Jérémie, le fils de Cosma, qui va prendre la relève, quand Oncle Anghel aura expiré. Jérémie va conter son histoire, celle de Cosma et du frère de Cosma, Elie. Vie d'aventures, de brigandages, de bagarres, de vaches maigres et d'excès de toutes sortes. Picaresque. Cosma, à lui tout seul, est un personnage énorme, sans mesure, sans pitié. Il n'a qu'une faiblesse : les femmes, et quand il tombe amoureux, c'est énorme et sans mesure. Eternel. Mais des éternités d'une semaine…

Ce livre est une sorte de conte, mais pas seulement. L'histoire, les histoires se déroulent dans une Roumanie féodale où il existe encore des seigneurs – les archontes, mot étrange – avec petites armées à leur service exclusif, courtisans, serfs… Une Roumanie rurale pleine de traditions religieuses, superstitieuses, culinaires (et alcooliques) que l'auteur situe très précisément dans la région de la confluence du Siret avec le Danube. Roumanie de la mémoire de Panaït Istrati qui donne un véritable document sur la société qu'il a connue, avec une écriture colorée, sensuelle, parfois violente, souvent élégiaque. A l'évidence, Istrati aimait son pays, et il m'a fait aimer ce qu'il en montre.

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