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Critique de Sachenka


Les deux premiers tomes des Récits d'Adrien Zograffi m'avaient laissé plutôt indifférent. Ainsi, mes attentes envers ce troisième tome n'étaient pas particulièrement élevées. J'avais l'impression que la plume de Panait Istrati du début du vingtième siècle avait mal vieillie. Eh bien, heureusement que j'ai persévéré parce que, curieusement, Présentation des Haïdoucs m'a plu. le roman est divisé en six parties, chacune centrée sur un personnage et racontant, à la première personne, comment il est devenu un haïdouc. Il s'agit d'une sorte bandit d'honneur propre à la Roumanie. Une sorte de Robin des Bois, s'attaquant aux riches mais surtout aux oppresseurs. On les aime bien, ces hors-la-loi qui luttent pour une bonne cause. Il y a chez eux quelque chose du héros romantique d'une autre époque. Si dans les siècles passés les «méchants» étaient les Turcs, ils se manifestent sous diverses formes au tournant du siècle dernier : police et milice corrompues ou à la solde d'une élite (aristocrates, religieux, grands propriétaires ou bourgeois) qui tient à garder son autorité, ses privilèges et son argent. Tant pis pour les misérables ! Malheureusement, l'heure des glorieux affrontements est (presque) révolue et les haïdoucs n'ont plus le soutien de la population. Combattre l'injustice devient une tâche ingrate. Les derniers représentants de cette caste, après une guérilla qui les a décimés, sont refoulés dans une grotte et c'est là que chacun raconte son histoire : Floarea Codrilor (une femme, la chef du groupuscule après la mort de son partenaire Cosma), Élie Le Sage, Spilca le Moine, Movila l'Intendant et Jérémie le fils de la forêt. Ce qu'ils racontent, c'est un goût pour la liberté, un besoin de venger des humiliations infligées par une société cruelle et d'aider ceux qui ne peuvent se défendre pour éviter que ces derniers aient à subir le même sort. Chaque histoire est unique mais, en un sens, c'est également la même qui se décline en autant de variante qu'il y a d'indivus. Et il n'y a pas que leur parcours qui est différent, leur personnalité aussi. Ce ne sont pas tous des paysans ignares, des sauvages ; plusieurs sont éduqués. Ça ajoute de la profondeur à certains récits. Avec Présentation des Haïdoucs, j'avais l'impression de plonger au coeur de la Roumanie, avec ses traditions et ses paysages propices aux légendes. Et l'utilisation d'un style proche de la langue orale était tout à fait appropriée, parfaite. Par moment, je pouvais facilement m'imaginer au milieu de ces hors-la-loi, autour de leur feu de camp qui grésille, à écouter leurs confessions. Tranquillement, la nuit les enveloppait et avec elle disparaissait leur monde…
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