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Critique de LireEnBulles


Junjo ITO est un mangaka japonais spécialisé dans les manga d'horreur, et que l'on considère comme le maître en la matière. Enfant, ITO se prend au jeu du dessin en trouvant l'inspiration auprès de ceux de sa soeur aînée. le travail de Kazuo UMEZU (L'École emportée, Je suis Shingo) a également joué sur son envie. En 1987, il publie son premier manga Tomié tout en exerçant le travail de dentiste. le récit débute dans le magazine de prépublication Monthly Halloween du feu-éditeur Asahi Sonorama. Pour ce titre, il reçoit le prix Kazuo Umezu. Par la suite, il se consacre exclusivement au manga. Spirale sort 10 ans plus tard, suivi de Gyo qui établie son statut de maître de l'horreur. Depuis, il n'a cessé d'écrire et dessiner plusieurs histoires courtes qui ont été regroupé dans des ouvrages formant une collection à son nom. Mais des histoires longues sont aussi à compter dans sa bibliographie telles que Remina, Sensor, Yukai Kyoushitsu ou plus récemment l'adaptation du roman La déchéance d'un homme. Ce dernier est disponible aux éditions Delcourt-Tonkam tout comme Gyo et Spirale. Tomié est donc la première oeuvre de l'auteur a voir le jour, et la deuxième a avoir été traduite en français en 2004 après Spirale deux ans auparavant. Profitant de son arrivée dans le milieu du manga et la récupération des droits d'éditions de ITO, les éditions Mangetsu ont décidé de redonner une nouvelle jeunesse à Tomié. Parlons déjà du travail fourni par l'équipe qui est monstrueux. Nous avons le droit à une édition cartonnée, des dorures à chaud, une belle impression sur du papier de qualité. Rien n'a été laissé au hasard quand on prend le temps de regarder. Dos, quatrième de couvertures, jaquette, et préface d'Alexandre Aja. Nous avons le droit à un très bel objet qui – pour moi – se place au-dessus de la version US de Gyo, Spirale et Tomié, mais qui reste tout de même en raccord avec ces versions. La traduction est assurée par Anaïs Koechlin (Ao Ashi, Candy & Cigarette, Switch me on, Called Game). Tomié est l'histoire d'une jeune fille et lycéenne dont la beauté et aussi subjuguante que mystérieuse. Cela en est au point où la folie s'empare de nombreux garçons autour d'elle qui vont vouloir la tuer de manière très crue. Mais si Tomié est morte, comment ce fait-il qu'elle réapparaisse le lendemain en un seul morceau et sans aucune marque ? Est-elle la proie ou le prédateur ? Ma découverte de Junji ITO s'est faite avec Gyo il y a quelques mois. Je dois avouer que j'étais curieuse de comprendre tout le foin autour de cet auteur, et je n'ai pas été déçue. En quelques mots, quand vous ouvrez un ouvrage de ITO, vous n'êtes pas prêt et n'en ressortirez pas indemne. Rien de larmoyant, non, mais plutôt quelque chose de perturbant, de révélateur dans l'humanité et ses dérives, et dans l'horreur visuelle. Tomié n'échappe pas à cette règle même si on sent que c'est sa première oeuvre. Par exemple, j'ai eu du mal à me repérer au niveau de la temporalité. On sent que chaque chapitre représente une histoire même si tout est lié par un fil rouge : Tomié. À la différence de Gyo, ce premier récit est plus subtile dans son traitement de l'aspect horrifique.

La sensation de malaise monte gentiment, rendant l'ensemble plus sournois. le personnage de Tomié est ce qui cristallise toute l'horreur, la vengeance mais aussi la folie qui pousse les autres personnages à commettre les pires actes de barbarie. Elle est ce que l'on pourrait appeler une femme fatale. Dans cette image, nous avons la représentation d'une femme qui utilise le pouvoir de la sexualité pour piéger les hommes. C'est principalement de par son charme et de par de la manipulation par le mensonge qu'elle arrive à ses fins. Cet archétype existe depuis la nuit des temps, avec des évocations dans les mythes folklores du monde entier. On peut citer Aphrodite pour la Grèce antique, Cléopâtre pour l'Égypte, la célèbre danseuse orientale Mata Hari, La Marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses ou Lana Turner dans le film le facteur sonne toujours de fois. Dans chaque culture, il y a au moins une femme fatale qui représente toute un concept sociétal instaurer par la moralité. L'image du bien et du mal, et surtout du tabou qu'il existe autour de la sexualité des femmes. Pour transformer toute cette énergie dite toxique, Junji ITO réussit à la coupler avec celle de l'imagerie paranormale. Au niveau du dessin, ITO manie déjà très bien le contraste de chaque case, chaque regard de Tomié est transperçant d'effroi mais d'une grande dose de séduction. Difficile de ne pas être envoûté par ses yeux, sa présence aussi fragile que froide qui peut rappeler celle d'un serpent, ou plus simplement celle d'un loup déguisé en agneaux. Les détails sont déjà très prononcés, et le maniement de la mise en scènes est efficace. En conclusion, que vous découvriez Junji ITO par Tomié ou que vous soyez déjà un fervent lecteur, difficile de ne pas reconnaître le talent du mangaka pour nous déranger dans ce qu'il écrit. C'est malsain mais séduisant. Malgré que ce soit une première oeuvre, la narration possède déjà plusieurs degrés de lecture. Un très bel ouvrage pour découvrir un mangaka hors du commun qui aura bien mérité son surnom de Maître de l'horreur.
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