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Critique de thedoc


Dans une ville du sud de la France, sous la canicule du mois d'août, un jeune marginal nommé Adam Pollo occupe une villa abandonnée, en haut d'une colline, près de la mer. Qui est Adam Pollo ? Que fait-il là ? le lecteur ne le sait pas. Des éléments nous font penser qu'il s'agit peut-être d'un déserteur de l'armée, peut-être aussi est-il fou. Une relation trouble le lie à une jeune femme, Michèle, qui lui rend de temps à autre visite, lui apportant argent et nourriture. Dans la villa, le jeune homme reste assis des heures entières assis face à une fenêtre ouverte, en plein soleil. Il observe, il divague. Peu à peu, nous le suivons dans ses déambulations : à la plage, dans les cafés, au zoo, dans les magasins, dans les rues. Partout où il passe, il est en-dehors de la société et en même temps il semble ne faire qu'un avec les éléments qui l'entourent, quittant sa condition d'humain pour devenir végétal ou animal… et observer ainsi d'un oeil nouveau les hommes qui l'entourent.

Lectrice convaincue de Jean Marie Gustave le Clézio, je n'avais encore jamais lu sa première oeuvre, celle qui l'a consacré immédiatement comme un grand auteur à l'âge de 23 ans. Habituée à son style, « Le Procès-verbal » m'a cependant désarçonnée. L'histoire de cet homme dont on ne sait rien à part ses pensées et fantaisies est pour le moins étrange. Pourtant, passés les premiers chapitres, on accepte de le suivre dans ses délires et sensations. Le lecteur accompagne Adam alors que lui-même ne sait jamais où il va, suivant un chien, tuant un rat ou se joignant à l'attroupement de la foule autour d'un noyé. La folie, grand thème de ce roman, est en lui et c'est elle qui nous mène.
JMG le Clézio a très bien rendu cet état de fait à travers le langage employé par Adam. Il se plie à ses bribes de souvenirs, à de soudaines résurgences, ce qui rend parfois la lecture ardue. On s'accroche pourtant à la parole d'Adam qui tel un prophète, harangue la foule et lui annonce une ère nouvelle.
La nature, les animaux, les sensations charnelles et crues sont également au coeur de ce livre atypique. On ressent précisément l'opposition entre une nature indomptable et une société matérialiste et insipide. Adam rejette cette dernière où nul ne le comprend et c'est une rupture sociale et psychologique, irrévocable, qui s'annonce.

Lecture déroutante, « Le Procès-verbal » offre un voyage au coeur de la schizophrénie dont le meilleur guide ne peut être que le fou qui parle. Ce n'est pas pour moi la meilleure lecture que j'ai faite de JMG le Clézio mais elle me parait essentielle pour poursuivre la découverte de son oeuvre magistrale.
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