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Critique de Romileon


Jaenada semble s'être fait une spécialité des affaires judiciaires troubles, non résolues ou dont on peut douter que le jugement soit juste, conforme à la vérité.
Il s'agit ici de revenir sur la mort d'un enfant de 11 ans et sur les 41 années de prison de Lucien Léger.
Le 26 mai 1964, Luc Taron rentre de l'école, un peu en retard. Il ressort après avoir volé de l'argent dans le porte-monnaie de sa mère et… disparait. le lendemain, son corps est retrouvé dans la forêt de Verrières, étouffé.
Pendant un mois, un homme se revendiquant comme « l'Etrangleur » envoie des lettres, des messages délirants, téléphone aux parents, à la police, aux médias, choquant la France entière.
Lucien Léger, arrêté, avoue. Il est l'Etrangleur.
La machine judiciaire se met en marche. L'affaire semble claire. Et pourtant…
J'ai retrouvé Jaenada avec grand plaisir. Non pas que je connaisse bien l'auteur mais « La serpe » m'avait tellement séduit.
Ici encore, Jaenada va, de manière presque obsessionnelle, tout relire, tout décortiquer, se rendre sur tous les lieux, reprendre toutes les pistes, en découvrir de nouvelles, accéder à de nouvelles sources et bien sûr… faire des digressions.
Après s'être consacré à une 1ère partie factuelle de l'affaire, de la mort du gamin à celle de Lucien Léger, il s'attache dans une grosse 2ème partie à reprendre toutes les pistes troubles, toutes les anomalies qu'il a pu relever (et ne se prive pas de rappeler ce qu'il doit au travail colossal de ses prédécesseurs sur cette affaire Stéphane Troplain et Jean-Louis Ivani, ni à sa perle de chercheuse-fouineuse Wats).
Et les voilà les monstres !
Lucien Léger avait déclaré dans un de ses messages déments « Je suis de la graine qui pousse au printemps des monstres ». Pour Jaenada, les monstres ne sont pas ceux que l'on croit. Tous les protagonistes sont monstrueux. Et effectivement il va lever bien des lièvres dans le genre abject… les parents, les « amis » de Lucien, les avocats, la police…
Sauf, sauf Solange, l'épouse, la soi-disant « folle » qui mourra dans le dénuement et la solitude la plus profonde. Il lui consacrera toute sa dernière partie.
Certes, Lucien n'est pas très sympathique (ses forfanteries lors de son arrestation, de son jugement sont largement douteuses) mais pour autant… 41 ans de prison…
Si cette nouvelle enquête mobilise un nombre très important d'intervenants, Philippe (allez, nous sommes de la même année et j'en sais désormais assez sur sa petite santé que je pense pouvoir l'appeler par son prénom) se fait fort de toujours rappeler qui est qui afin que nous ne soyons jamais perdus (enfin presque).
Si cette nouvelle enquête ne permet pas de résoudre cette affaire, s'il reste de nombreuses zones d'ombre, il n'empêche que les indices, les déductions de Philippe (j'insiste) m'ont permis de me faire mon opinion : Lucien Léger n'a pas tué Luc Taron.
Pour finir, un mot sur les digressions qui en agacent quelques-uns. Personnellement, je trouve les interventions, les jugements, les fameuses parenthèses, de Philippe (😊)drôlissimes . Non seulement, il y va carrément sur les protagonistes notamment sur les salauds, il livre des petites remarques au fil de son écriture (et de sa relecture) sur des évènements liés à son contexte d'écriture mais surtout il crée des ruptures salutaires dans un récit dont le fond est si glauque que sans elles il deviendrait pesant.
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