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Critique de Krissie78


En langue mongole un dzud (prononcer « dzeude ») est un hiver particulièrement dur, glacial, enneigé, si rigoureux que le bétail ne peut plus trouver de quoi se nourrir et meurt en grand nombre. Les êtres humains ne sont pas non plus épargnés.

Avec ce court roman, Romain Jaillant nous emporte dans la steppe où trois tribus rivales se partagent le territoire. Après des années d'opulence et de croissance le dzud est de retour, décimant les troupeaux qui n'ont jamais été aussi fournis. Les nomades souffrent et leur rancoeur s'étend à ceux qui se sont sédentarisés, occupant des terres qu'ils ne valorisent plus, sombrant dans la facilité et la paresse. le malheur est là, les peuples souffrent, il doit bien y avoir un coupable. La jalousie s'empare des coeurs ravivant les querelles tribales ancestrales. La foi aussi est de retour, elle qui avait été rejetée au loin quand l'opulence était là et qu'il n'y avait rien à demander aux dieux.

Oleg, bébé fragile né pendant le dzud, survit à la calamité. A 15 ans il doit quitter sa tribu, sa famille pour vivre le rite initiatique qui fera de lui un homme. Suivant le conseil d'un vieil homme accueilli par la famille pendant le dzud, il part vers la montagne. Sa rencontre avec un shaman, guidée par un objet magique et dangereux (un livre), le confrontera au savoir ancestral et pourrait influencer l'avenir des hommes.

Ce qui commence comme un roman initiatique au sein des tribus nomades se révèle être une réflexion entre conte philosophique et fable fantastique qui par moments m'a fait penser à Barjavel. L'écriture est belle, simple, fluide et le livre se lit très vite.

Romain Jaillant donne une vision stoïcienne de l'humanité. Alors que la notion de progrès ne semble plus beaucoup faire débat, remplacée par la notion de croissance, l'auteur en questionne la place dans l'histoire passée, présente et future de l'homme et de sa relation à son environnement. S'il énonce beaucoup de vérités ou d'exagération (selon le regard que l'on porte sur le monde actuel) il amène le lecteur à une introspection. Si le propos confortera ceux qui sont déjà convaincus par le parti pris de l'auteur il ne me semble pas assez fort pour ouvrir les yeux de ceux qui préfèrent se mettre des oeillères.

Au final mon sentiment est mitigé. le temps laissera peut-être infuser les réflexions qui émergent du roman. Si la fin surprenante (encore que) me laisse un goût amer, ce livre aura eu le mérite de me pousser à me pencher plus profondément sur les différents courants de pensée actuels relatifs cette notion de progrès et de bien-être de l'humanité.

Merci à Babelio et aux Editions Rémanence pour la découverte de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique Littérature.
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