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Critique de Chri


Le pragmatisme est d'abord une méthode pour évaluer le sens d'une proposition selon ses conséquences pratiques. L'auteur démontre le bénéfice assez évident de la méthode et en perçoit également les limites. La démarche deviendrait grossièrement fausse si elle n'était pas attentive aux faits « éloignés et ténus ». C'est en creusant dans cette direction que le livre devient intéressant. Devenu théorie de la connaissance, le pragmatisme montre que les vérités ne sont pas des choses achevées, mais un mouvement de vérification qui passe par le possible et le probable.
« Rien ne saurait, du dehors, assurer la destinée du flux des données de l'expérience ».
Le pragmatisme s'oppose en fait de bout en bout au rationalisme et finalement c'est une conception pluraliste ou distributive de l'univers qui s'oppose à une conception moniste.
Pour le rationaliste, la vérité devrait être achevée, éternelle, inaltérable, absolue. Sinon ce serait pour lui l'anarchie, comme vivre en errant et en vagabond, et accorder le "home-rule" à l'Irlande ou aux indigènes des îles Philippines.
La critique de William James devient très sensible au moment où il se fait défenseur du droit des peuples à l'auto-détermination.
Enfin, pour notre auteur américain, il est facile et peut-être même piquant de dénoncer des conflits nationaux loin de sa propre nation.
Un autre aspect du pragmatisme pluraliste est qu'il s'accommode des différentes croyances. « Théisme, dessein, liberté signifient pour l'homme qui y croit la promesse d'un avenir meilleur. ». « "Le vrai" se réduit à ce qui est opportun en matière de pensée, tout comme "le bien" se réduit à ce qui est opportun en matière de conduite. »
Mais la tolérance religieuse n'est qu'apparence : ce pragmatisme s'adresse au patchwork protestant contre le papisme ou le panthéisme qui tendrait à gagner du terrain « chez les peuples de race anglaise ». William James cite un article sur le pragmatisme : « le pragmatisme est une réaction anglo-saxonne contre l'intellectualisme et le rationalisme de l'esprit latin... ». On trouve d'autres signaux bien connus d'un nationalisme latent : « « Waterloo », signifie pour les Anglais une « victoire », et pour les Français une « défaite » etc...
Décidément, les aspects nationaux prennent une drôle d'importance dans ce livre.
L'analyse psychologique est également catégorique. L'ensemble de l'exposé campe sur un clivage statique des tempéraments endurcis ou délicats (associés au clivage philosophique). Dans ce contexte, l'assouplissement dans les dernières pages fait figure de convenance. Dommage !
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