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Critique de Foxfire


Ma dernière lecture d'Henry James remonte à bien longtemps (quasiment 5 ans). C'est pourtant un auteur que j'admire énormément. A chaque fois que je me lance dans une de ses oeuvres j'ai une petite appréhension, le thème de départ ne m'emballe pas, vais-je être déçue ? Et à chaque fois je ressors ravie de ma lecture, épatée par le talent de James. « Une vie à Londres » ne fait pas exception. J'ai attaqué ce court roman avec une pointe de réticence mais très vite j'ai été happée pour finir totalement emballée.

J'ai retrouvé dans « une vie à Londres » tout ce que j'aime chez Henry James : la finesse des portraits, la justesse de la psychologie des personnages, la cruauté du propos, un style à la fois élégant et efficace.
S'il s'agit bien d'une intrigue sentimentale, « une vie à Londres » est loin d'être mièvre et léger. le roman est dur et cruel. le personnage principal est dans une grande détresse tout au long d'un récit qui ne joue pourtant pas sur le pathos. Laura, jeune américaine, vit à Londres avec sa soeur Sélina et le mari anglais de cette dernière. Sélina a une liaison adultère et Laura craint que le déshonneur de sa soeur ne rejaillisse sur elle tout en se refusant à prendre ses distances avec elle. Henry James ne traite pas ce sujet comme une tragédie romantique. Cette histoire lui sert de prétexte pour tirer à vue sur ses contemporains. Il vise d'abord bien sûr cette bonne société anglaise qui, derrière les apparences de bienséance, cache bien des turpitudes. Sélina, toujours bien mise avec ces belles robes, qui fréquente le beau monde, prétend accourir auprès de ses amies en détresse, est une femme égoïste qui ne pense qu'à son plaisir et se montre cruelle envers sa soeur et assez indifférente envers ses enfants. Son mari n'est pas meilleur qu'elle, il boit souvent plus que de raison et c'est surtout par esprit revanchard, pour éclabousser de honte son épouse volage, qu'il veut porter l'affaire devant le tribunal. Et il ne se soucie guère du tort qu'il pourrait causer à Laura en lui demandant de témoigner en sa faveur contre sa soeur. Si la décrépitude morale des époux est pointée du doigt, la jeune Laura n'est pas non plus idéalisée. A la décadence de Sélina, Laura oppose une pudibonderie extrême, un moralisme qui confine à la bêtise puisqu'elle va jusqu'à s'interdire de faire sa propre vie tant elle se sent blessée par l'attitude de sa soeur. le roman permet à l'auteur d'opposer une Angleterre pleine de lustre mais corrompue et une Amérique puritaine mais hypocritement fascinée par les turpitudes de la bonne société anglaise.

Dans ce roman, Henry James déploie encore une fois un style absolument formidable. La plume est élégante mais jamais ampoulée. L'auteur parvient à insérer parfois une petite pointe d'humour mais surtout il instaure un suspense tout à fait remarquable. Une fois l'intrigue mise en place, le roman est vraiment prenant et difficile à lâcher. le talent de James pour ciseler des dialogues subtils mais tranchants vient renforcer la cruauté du ton et ajouter de la force au propos. J'ai l'impression que ce roman n'a pas fait l'objet d'une adaptation sur écran. J'en suis étonnée, l'histoire s'y prête bien et certains passages sont très cinématographiques. Je pense tout particulièrement à ce passage où les 2 soeurs se parlent mais où c'est à travers un miroir qu'elles se regardent. La mise en scène est déjà là, on visualise très bien la séquence.

Ma lecture d'« Une vie à Londres » confirme tout le bien que je pense d'Henry James. Ce court roman est un petit bijou qui, en peu de pages, est plus riche que bien des pavés. Il ne faut vraiment que j'attende à nouveau tant de temps avant de lire une autre oeuvre d'Henry James.

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