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Critique de micetmac


Certains sujets sont écrasants. Traiter de la Shoah, de l'esclavage ou du racisme entraînent un décalage de la critique. Soit elle se fait plus indulgente en regard de la gravité de l'objet traité, soit plus incisive toujours pour la même raison, cette gravité nécessitant un traitement plus fin, plus subtil.

La Liste de Schindler est l'exemple idoine. La plupart des critiques se sont félicitées de la mise à disposition de la notoriété et du savoir faire Spielbergien. D'autres, plus rares, ont déploré une dramatisation outrancière, un suspense indécent.

Je pensais me trouver quelque peu face au même dilemme une fois ce livre reposé.

Finalement...

Anna Janko est une archéologue du trauma. Elle exhume les strates du massacre qui a anéanti ses grands parents et traumatisé définitivement sa mère.

Ce qui marque à la lecture de cet ouvrage, c'est le (juste) ton, la parfaite distance de la plume d'Anna Janko. S'éloignant d'une impartialité universitaire illusoire, Anna Janko assume une colère froide, elle porte un fardeau, une enfance à côtoyer des spectres, les parents de sa mère qui ne combla jamais la fêlure béante ouverte par la pillage, la mise à sac de Sochi.

On a pu reprocher à Anna Janko une vision partiale de l'histoire, une exonération des Polonais et de leur antisémitisme conquérant. Outre que nous Français pouvons difficilement donner des leçons (si l'on excepte les zélateurs d'un Zemmourisme révisionniste), je ne vois guère en quoi les habitants de Sochi ne sont pas des victimes. Anna Janko se montre aussi très factuelle dans son livre, elle donne chiffres et faits avérés, elle les interprète en un sens polono-centré. Il s'agit de son pays après tout. de sa famille. de son passé.

Une petite extermination, oui, un nettoyage anodin, presque en passant, au sein de l'industrialisation des tueries de masses. Des vies brisées, détruites, à l'image de cette montre arrêtée, symbole du temps dérobé.

Anna Janko alterne, au fil de courts chapitres rageurs et terribles, tragédies familiales et réflexions historiques voire philosophiques, toujours avec cette plume acérée, qui fouaille, qui gratte, qui grince...

Anna Janko ne lâche rien.

Merci infiniment à Babelio et aux Editions Noir Sur Blanc pour cette lecture...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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