La guerre ne meurt jamais. Elle change simplement d'uniforme et voyage de pays en pays.
Auschwitz, ce n'est pas la Pologne. C'est un bout de peau allemande transplanté, cousu sur un corps polonais, greffé à une ville polonaise.
Les larmes d'une mère sont trop lourdes pour un enfant.
Le plus grand bonheur d'une vie, parfois, c'est celui que l'on connait dans le malheur.
Se haïr soi-même, c'est déjà comme la moitié d'un suicide, c'est être enceinte de sa propre mort.
Au premier souffle, l'enfant libère un cri qui ne signifie pas la joie, mais qui pleure une perte ; c'est un appel en arrière, une nostalgie, une peur. Puis, peu à peu, tout se met en place chez la plupart des gens. Certains, toutefois, demeurent avec ce vide non cicatrisé et souffrent de nausée existentielle : en cherchant à échapper à ce néant, à cette peur qu'ils ne comprennent pas, ils se font du mal de différentes façons. Toutes sortes d'addictions leur permette d'éprouver du plaisir à la place de ce vide qui s'autodigère. Pourvu que le plaisir dure toujours et encore, parce que la peur revient avec une force décuplée lorsque les intervalles sont trop longs. Donner la mort rassasie l'homme mais excite aussi sa faim de tuer, c'est le cercle vicieux de toutes les addictions.
Les regards fixés sur les photographies sont toujours contemporains. Même si la personne est morte depuis longtemps, elle continue à nous regarder encore et encore, c'est bouleversant. Elle regarde comme si elle nous demandait : suis-je morte? Elle te le demande, oui elle te le demande à toi qui regarde la photo... Elle n'arrête pas, même si tu lui as répondu cent fois, car les morts ne font pas confiance aux vivants.
Je sais que si le destin m’avait placée dans la rue d’une ville occupée, s’il m’avait sommée de regarder des gendarmes en armes brutaliser un homme, juif ou polonais, peu importe, je ne serais pas intervenue pour lui venir en aide. J’en suis sûre et certaine. Je serais rentrée chez moi, j’aurais pleuré et attaché mes enfants aux pieds de la table pour les empêcher de sortir.
Il est difficile, très difficile, de s’opposer.
Un soldat qui tue, tout le monde en a peur, y compris lui même.
Sur la boucle des ceinturons des SS, on lit : "Mon honneur s'appelle fidélité." Rien à ajouter, rien à enlever. Mais elles s'ouvrent sans cesse ces boucles, car elles ont été mal conçues (par Hugo Boss, paraît-il...). Ainsi, en pleine action, au moment où, par exemple on s'apprête à tuer une femme enceinte et où les mouvements se font plus violents... inopinément la question de l'honneur se pose. Plus d'une fois, un gars en uniforme se trouve dans l'embarras ou pique une colère. Un réel problème pour eux : l'affaire de ces funestes ceinturons fut plusieurs fois soulevée lors des discussions sur les changements à introduire dans l'équipement des unités de Waffen-SS.