Mondrian de 1892à 1914 : Les Chemins vers l'abstraction

De l'œuvre de Piet Mondrian, on ne connaît souvent en France que la partie radicalement abstraite, postérieure au séjour que l'artiste fit à Paris, du printemps 1912 à l'été 1914.Si cette partie accomplit l'une des révolutions majeures de l'art pictural du XXe siècle et mérite par là toute la gloire dont elle bénéficie, cela ne signifie pas pour autant que les œuvres précédentes de Mondrian ne présenteraient guère d'intérêt.Bien au contraire, comme plusieurs historiens de l'art et critiques l'ont souligné, elles permettent de suivre avec précision l'évolution de l'art abstrait.De plus, indépendamment de ce qu'elles annoncent et préparent, certaines de ces œuvres sont souvent en elles-mêmes d'une singulière beauté et porteuse d'une poésie qui disparaîtra dans les peintures néoplasticiennes.
D'où le double intérêt de cette exposition, qui est à la fois une rigoureuse introduction à un aspect capital de l'art de notre temps et une manière d'adieu mélancolique à la peinture de paysage telle que beaucoup de peintres du XIX et siècle l'avaient pratiquée.

Catherine Tasca , Ministre de la Culture et de la Communication

L'étude de cette doctrine (**la théosophie) l'a certainement incité à rechercher encore plus des principes fondamentaux et, en particulier, les fondements de l'art, et son sens.Par elle, il a pu poser les bases de ses futures considérations sur l'art, si logiquement construites ; mais la théosophie a, avant tout, dû stimuler sa quête quant à l'essence de la peinture et, de fait, l'aider à percevoir la signification d'innovations formelles comme celles de Van Gogh et de Cézanne.

( p.158)

"Il me semble que la clarté des pensées doit marcher de front avec la clarté de la technique
(...)
Je crois vraiment que vous aussi, vous reconnaissez l'importance du rapport de la philosophie à l'art, et c'est justement ce rapport que la plupart des peintres nient; chez les grands, ce doit être inconscient, mais je crois aussi que la connaissance spirituelle consciente d'elle- même chez un peintre va avoir une bien plus grande influence sur son art (...)"
( p.140)

( **Lettre de Mondrian vers 1909)

1908- 1910

(...) l'entente entre les deux artistes
( *Toorop et Mondrian) fut sans doute immédiate. Toorop, qui s'était converti au catholicisme en 1905, trouvait en Mondrian un partenaire pour discuter de questions spirituelles.
Mais l'influence de Van Gogh se révèle plus importante que celle de Toorop.En 1908, pour la première fois, Mondrian se considère véritablement -et ostensiblement- comme un artiste moderne de premier plan." Je ne savais pas grand-chose des mouvements modernes.Quand, pour la première fois, j'ai vu les œuvres des impressionnistes, de Van Gogh, de Van Dongen, et des fauves, je les ai admirées.Mais il me fallait trouver seul ma véritable voie.": cette remarque renvoie à la primauté, dans cette tradition hollandaise, de l'observation- qui, en liaison avec la pratique du peintre, génère toute évolution. C'est la raison pour laquelle l'explication des historiens de l'art- le luminisme serait une tendance d'origine française qui brode à partir de l'impressionnisme, du pointillisme et du fauvisme-n'est que très partiellement défendable dans le cas de Mondrian

( p.128)