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Critique de gouelan


Une fois n'est pas coutume, j'ai entamé par le tome 2 cette aventure offerte par Babelio et les Éditions Iggy Book, que je remercie.

Selon les conseils de lecture de l'auteur Emad Jarar, dans un petit mot très aimable, m'informant que le tome 1 se présente plutôt comme un essai sur l'Islam, d'une lecture plus ardue, j'ai préféré lire d'abord le tome 2. Celui-ci se présente comme un roman et peut se découvrir indépendamment du tome 1.

Emad est un homme au carrefour entre plusieurs cultures, entre Orient et Occident, entre religion chrétienne et musulmane. Il s'enrichit de toutes les différences, de la Palestine à Alexandrie, de New York au Yémen et finalement à Paris, sans oublier quelques révélations sur son arbre généalogique qui vont le chambouler.

À travers les péripéties de son parcours, où les personnages semblent prédestinés à se rencontrer, on plonge dans un milieu de violence, là où les hommes confondent l'Islam avec la haine de l'autre, avec tout ce qui est étranger à leur mode de pensée. Le récit est parsemé de nombreux passages érudits, de réflexions pointues sur la spiritualité.

Parfois j'ai été surprise par le ton du roman. Un ton de légende orientale, comme si le personnage évoluait dans un siècle reculé, sur le fil du Destin. C'est ce qui fait la particularité de ce roman. Les dialogues sont poussés jusqu'au détail, jusqu'à l'introspection, déroutants parfois par leur acuité, pas tout à fait ce qu'on attend dans les moments intenses du récit. Alors il faut s'adapter à ce côté insolite et apprécier la richesse de l'enseignement sur le choix d'une culture, d'une religion, d'une patrie.

Les extraits de sourates m'ont surprise par leur violence. Je sais pourtant que l'Islam prône aussi la tolérance et que la Bible ou la Torah ont aussi leur part de raisonnements archaïques, complètement inadaptés au monde contemporain. Et sans doute les extrémistes incultes fondent-ils leur haine, leur suprématie en appliquant textuellement, sans recul, les passages d'une violence insupportable du Coran, comme ont pu le faire les chrétiens lors des Croisades.

Certains passages ont eu ma préférence. La rencontre avec le petit garçon, Imad, dont le regard sur le monde est déroutant, de part son enfance violente et hermétique, en fait partie.

J'ai apprécié ce roman pour les repères qu'il apporte au lecteur, à travers le personnage d'Emad. Un voyageur qui ne reste pas enchaîné à sa culture de naissance, et s'ouvre vers d'autres horizons, là où il se sent le plus libre de penser.
Je ne suis pas sûre qu'adopter une autre religion soit une façon de se libérer. Pour moi, c'est tomber sous le joug d'une autre croyance, à moins de faire la part de ce qui nous convient, sans tout accepter.
Emad choisit ici plutôt une culture qu'une religion, ce qui fait la force du roman.

« Comme le disait si bien l'exilé andalou Averroès (ibn Rochd) : le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie, l'ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays. »

Et je poursuis ma lecture par le Tome 1 pour aller un peu plus loin dans la découverte, car le tome 2 a aiguisé ma curiosité.


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