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Critique de Pois0n


Contrairement à ce que le résumé laissait entendre, La fille du marchand de saphirs n'est pas une romance. Certes, il en a un peu là-dedans au bout d'un (long) moment, mais cet aspect ne représente finalement qu'une fraction très réduite du roman. Quant à coller une étiquette précise dessus...

Si le résumé ne nous spoilait pas allègrement un évènement-clé, on se demanderait bien où l'autrice veut en venir avant la page 80. Ceylan, 1935, où l'on suit la vie banale d'un couple aisé. Pendant que Monsieur se noie dans le travail, Madame est engloutie par la mélancolie. Et finalement, même après « le » plot-twist, la recette ne change pas des masses, si ce n'est que Louisa a désormais encore plus de choses à ressasser. Évidemment, d'un bout à l'autre du roman, Louisa chemine. Il est question de deuil, de déni, d'incompréhension, d'acceptation, de reconstruction, de pardon. La fille du marchand de saphirs, c'est ça. Une histoire de femme qui prend lentement sa vie en main, chapitre après chapitre.

Le mot à retenir ici, c'est « lentement ». le truc a un aspect très tranche-de-vie et il se passe rarement grand-chose. Certes, il y a bien en toile de fond cette histoire de grand magasin, de harcèlement ou plus tard la romance, mais rien de tout ça n'est très creusé. Et que dire des quelques vrais rebondissements de l'histoire, que l'on voit venir à des kilomètres à la ronde ! Bref, le récit est linéaire, plat, et si la plume de Dinah Jefferies fait que l'on ne s'ennuie heureusement pas trop, on est tout de même en face de presque 500 pages de remplissage. Ça parle de lait caillé et de robes en mousseline, de petits oiseaux... le décor a du charme, certes, mais le décor prend trop régulièrement le pas sur une histoire qui n'avance pas. Comme si la moiteur de la mousson s'était abattue sur le texte.

Pour ne rien arranger, ça rabâche quand même beaucoup. Certes, c'est un peu le principe de l'intrigue, mais ça n'en reste pas moins lourd à la longue, même après que Louisa se soit quelque peu secouée. D'autant que le plus gros problème du livre, c'est le manque d'impact des sentiments décrits. Louisa affronte des peines immenses, mais on ne sent aucune différence entre la petite mélancolie et le plus profond désespoir. Tout ça nous est décrit, mais c'est comme si l'on voyait la scène à travers une vitre, de façon totalement détachée. Il en va de même pour les moments de légèreté, de trouble, de peur... tout ça est très « froid », « lisse ». Pour un récit qui se veut intimiste, c'est ce qui s'appelle se prendre les pieds dans le tapis...

Bref, ni romance, ni saga romanesque, La fille du marchand de saphirs demeure un destin de femme qui se lit, mais ne laissera pas un souvenir impérissable. Dommage.
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