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Critique de Valmyvoyou_lit


Pendant son enfance et son adolescence, Ailey est très proche de sa soeur Lydia, qu'elle considère comme sa meilleure amie. Au début du livre, elle déroule les années et chaque souvenir est rattaché à son aînée. Tous les étés, Ailey séjourne à Chicasetta, près de sa famille maternelle. Elle s'approprie l'histoire de ses ancêtres. Hélas, ses soeurs et elle portent non seulement le poids du passé, lié à l'esclavage, mais aussi celui du présent, en raison du traumatisme qu'elles ont subi, chacune de leur côté. le silence les détruit et elles cherchent chacune une manière de survivre.

En grandissant, Ailey choisit d'affronter et d'étudier son héritage familial. Issue d'une famille africaine-américaine, elle consacre des années à reconstituer l'histoire des États-Unis, à travers le prisme des anciens esclaves, des autochtones et de leurs descendants. En effet, le roman s'attache à montrer la ségrégation invisible perpétuée dans l'époque contemporaine. Elle montre les difficultés d'être femme et noire. Malgré elle, Ailey est forcée de surveiller ses attitudes, elle est entravée par le regard de la société. Pourtant, elle est agitée par un souffle de liberté. Son travail de recherche la bouleverse, cependant, il est le seul à pouvoir réconcilier son identité et le poids des destins terribles de ses ancêtres. Elle sombre, se rattache aux parois, remonte. Ses découvertes dans les centres de documentation s'entremêlent avec les secrets de sa famille. Ainsi, le récit de son existence est entrecoupé par celui des siècles précédents. Ces parties, intitulées « chant », sont introduites par des citations De W.E.B. du Bois, un sociologue, historien, militant pour les droits civiques.

Lorsque j'ai ouvert le roman, j'ai été un peu effrayée par le nombre de pages (900) et la longueur de l'arbre généalogique. Je me suis référée à celui-ci, pendant les premiers chapitres, puis, je n'en ai plus eu besoin. Au départ, j'ai été impressionnée par la densité du texte et par sa très grande richesse historique et sociétale. Cependant, Honorée Fanonne Jeffers est parvenue à me prendre par la main et elle me l'a soufflé à l‘oreille. C'était parfois un murmure, puis lors des passages très difficiles, la voix prenait de la puissance. Elle était, par moments, entravée par les sanglots, assourdie par les pleurs ou emplie de colère. Elle était, aussi, teintée de respect et d'amour.

Les Chants d'amour de Wood Place est une magnifique fresque historique sur l'esclavage et sur la société américaine contemporaine. Pendant ma lecture, ma peau a pris toutes les nuances de celles des personnages. J'ai ressenti les douleurs et les espoirs de chacun. J'ai aimé être interpellée sur les difficultés, sans être accusée, comme l'ont fait certains ouvrages à ce sujet. C'est un livre enrichissant, qui fait réfléchir et qui en appelle à notre empathie. Il se lit lentement (je l'ai lu en plusieurs semaines, en alternance avec d'autres livres), en raison de sa très grande documentation, ce qui laisse la possibilité aux messages de s'imprégner en nous. J'ai été éblouie et émue.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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