AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fabienne2909


Après « Les sept morts d'Evelyn Hardcastle », voici « Les sept maris d'Evelyn Hugo » ! Donnez-moi sept quelque chose et une Evelyn, et vous aurez à chaque fois un coup de coeur.
Car ces deux romans, s'ils ne relèvent pas du tout du même genre de littérature (l'un roman policier, l'autre drame sentimental) sont tous les deux très réussis et traitent de ce même thème que sont les apparences trompeuses, et ce qu'elles cachent derrière le si visible.

Aujourd'hui ce sont « Les sept maris d'Evelyn Hugo » qui m'intéresse (pour les curieux, « Les sept morts » ont déjà fait l'objet d'une chronique 😉). Monique Grant, journaliste au magazine féminin « Vivant », n'en revient pas quand sa patronne lui apprend que la célébrissime Evelyn Hugo ne souhaite être interviewée que par elle. Elles ne se connaissent pas, et Monique, qui vient d'arriver à la rédaction du magazine, est pour l'instant cantonnée aux articles de seconde zone. Pourquoi elle ?
C'est ce qu'elle découvrira en écoutant Evelyn, qui lui racontera par le menu la vie d'actrice qu'elle s'est construite avec ses hauts et ses bas, ses succès et ses drames, et la collection de maris qui est venue avec. Pour le meilleur comme pour le pire, l'adage du mariage sera exploité avec talent par Taylor Jenkins-Reid pour placer quelques messages, notamment sociétaux.

On reconnaît les grands livres à ce qu'ils traitent de plusieurs sujets qui se télescopent parfois, sont ambivalents, vous touchent et vous parlent, vous font réfléchir sur un aspect de vous-même. le plus frappant avec « Les sept maris d'Evelyn Hugo », c'est qu'on ne voit rien venir, tant le début du roman apparaît sucré et glamour. Mais c'est le thème, l'autrice va rapidement nous faire voir la réalité derrière les paillettes, les nuances de la vie derrière l'écran rose.

Le roman traite évidemment de l'ascension vers la gloire d'une starlette ambitieuse dans les années 50, des nombreux compromis qu'elle fit bien volontiers, au premier rang desquels celui de devenir, tout du moins en apparence, le personnage de fiction que les studios lui ont construit (ce calcul permanent est d'ailleurs assez glaçant). Ce qui pouvait aller loin, puisque même les romances entre acteurs étaient fabriquées pour faire vendre et acquérir de la notoriété. Une vie de fiction dans tous les sens du terme. Mais à quel prix ? Qui devient-on dans ces conditions ? le personnage de fiction ne risque-t-il pas d'écraser la vraie personne ?

Mais « Les sept maris d'Evelyn Hugo » est avant tout un magnifique roman sentimental, et une réflexion pertinente sur ce qu'est le grand amour, les formes multiples qu'il peut prendre. Ce qu'on est prêt à lui sacrifier, ou pas. Combien il est si facile de le laisser s'échapper, alors que sa fragilité même devrait pousser à tout faire pour le conserver.

J'ai vraiment aimé ce personnage d'Evelyn Hugo, cette femme aux multiples facettes et à la complexité rare. J'ai aimé que Taylor Jenkins-Reid n'en fasse pas forcément un personnage sympathique, mais plutôt égoïste. Evelyn assume tout ce qu'elle fait sans rien regretter. Elle se fait confiance et tout ce qu'elle fait, c'est pour une bonne raison (tout du moins à ses yeux).
Pour elle on ne doit pas attendre que le monde donne, mais qu'on prenne ce qu'il a à offrir, et à travers son exemple elle poussera Monique à s'affirmer et savoir mieux définir ce qu'elle attend de son travail, de ses amours (c'est le côté du roman, assez convenu, que j'ai le moins aimé). Ce fameux dépassement de soi pour être une meilleure version de soi-même est terriblement américain, un peu facile (tout n'est pas toujours qu'une question d'opportunités ou de rapport de forces), mais il sert bien le roman, sans trop de gratuité.

Le macaron « ouvrage succès de Tiktok » sur la couverture m'avait rendue circonspecte malgré les critiques élogieuses que j'avais lues à propos de ce roman. Encore une apparence trompeuse à laquelle j'ai bien fait de ne pas céder ; je serais passée à côté d'un roman bouleversant, plus profond qu'il ne le laisse présupposer. Evelyn Hugo vivra encore longtemps en moi.
Commenter  J’apprécie          430



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}