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Critique de bdelhausse


J'aurais dû m'abstenir de regarder la 4è de couverture. Celui ou celle qui a rédigé ce court texte bourré de "read-appeal" est fortiche... Et moi, pas du tout de m'être fait berner...

Restons lucide et de bons comptes... le pitch du livre donne envie. Pendant la canicule, deux femmes que tout oppose mais que tout rapproche également vont s'affronter. Et peu à peu les convenances, les us et coutumes, le vivre ensemble va s'effacer pour laisser place à une sorte de struggle for life.

C'est très appétissant. Cela pourrait faire un bon roman acide, critique vitriolée de la société. On pense à tout ce que ferait un Updike, un Paasilina, un Sharpe... de ce point de départ.

Au final, le conflit de générations entre une jeune fille de 23 ans et une vieillarde de plus de 90 ans fait flop. Les secrets qui étaient supposés les rapprocher font également flop. L'ironie est très souvent absente. On verse très peu dans le politiquement incorrect. Les psychologies évoluent, ce qui est plutôt une bonne chose car elles sont particulièrement schématiques au début du livre, mais dans des sens qui laissent le lecteur désorienté ou perplexe.

Il y a de chouettes passages. Quelques touches, de-ci de-là. Les mots utilisés par la jeune fille pour décrire sa colocataire sont souvent savoureux. Il y a quelques spasmes de tendresse. le passage onirique est tendu, brut, vraiment prenant, même s'il est clair qu'il s'agit d'un rêve. C'est d'ailleurs là un des reproches majeurs que j'adresserai au livre, vouloir jouer les secrets tout en dévoilant systématiquement les ficelles, induisant de ce fait un effet "pétard mouillé" à l'ensemble.

J'aime l'idée d'un court récit (200 pages) limité à Paris sous la canicule, mais il y a sans doute plus à dire des relations, et aussi du passé qui est supposé jouer un rôle majeur par l'entremise de Louis, oncle de la jeune fille et ancien boss de la presque centenaire.

La fin en pied de nez, sorte de fuite, d'échappatoire qui ne dit rien en voulant dire tout, est finalement à l'image du livre.

J'ai aimé l'idée de départ, et une certaine lourdeur qui se fait jour à mesure que la canicule s'installe, faisant écho aux interrogations de la jeune fille sur elle, son origine, sa place dans le monde... c'est bien vu. Mais je me demande si le traitement du récit était le meilleur possible. Je m'explique: le récit est souvent éthéré, détaché, prenant de haut les choses, assez lent (pour coller à la canicule, sans doute), avec une sorte d'observateur omniscient qui nous fait rentrer dans le cerveau des protagonistes. Je n'adhère pas complètement à l'dée d'une sorte de huis clos, développé par l'auteure, car je pense qu'une meilleure prise en compte de l'extérieur aurait apporté quelque chose au récit. Mais tout en conservant ce présupposé, l'idéal n'autait-il pas été d'alterner les visions, d'opter pour un récit choral résolument subjectif, et de perdre un peu le lecteur entre la manière dont la jeune fille et la vieillarde vivent la canicule et la cohabitation. C'est tenté, mais non abouti, à mon avis.
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