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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cet ouvrage est passionnant : comment ont vécu les survivants – et surtout les femmes - au milieu des monceaux de ruines, les exactions des vainqueurs, en particulier les soviétiques – mais pas que – comment les Allemands ont refoulé la culpabilité collective – une génération entière taisant la Shoah - comment les autorités d'occupation (de l'Ouest et de l'Est) ont procédé à la dénazification, le silence de toute une génération – mais la révolte surgira de leurs enfants - le rôle de la Presse, la renaissance de la culture, la renaissance de l'économie avec la réforme monétaire de 1948 …

Nous ne pouvons pas nous représenter comment ce peuple a vécu les lendemains de la capitulation sans conditions, l'humiliation, la partition, l'occupation et le relèvement des ruines : l'afflux immense des personnes déplacées puisque les derniers camps de réfugiés ne furent démantelés qu'en 1966, le retour des prisonniers totalement « démonétisés », l'instinct de survie qui élimine les sentiments de culpabilité, une société en train de se reconstruire, y compris dans le déni.

L'importance des femmes pendant le conflit et la reconstruction physique et morale d'un pays où manquent 5 millions d'hommes morts au combat et encore 6 millions retenus en captivité. En 1950, on compte encore 1362 femmes pour 1000 hommes. Les 2/5èmes des classes 1920 – 1925 manquent à l'appel.

Les viols – l'ouvrage cite plusieurs fois le livre « Une femme à Berlin », le marché noir où la cigarette est devenue monnaie d'échange. Tout le monde chaparde, « organise » pour survivre, y compris avec l'indulgence des prélats. Entre dirigisme étatique de gestion de la pénurie et liberté anarchique d'un marché débridé : une synthèse avant l'heure de l'économie sociale de marché d'après 1948.

Une constatation : l'économie de guerre mise en oeuvre par le troisième Reich pour nourrir le conflit a été largement épargnée et a constitué une base solide pour la reprise de l'industrie allemande …

La politique de dénazification sur laquelle se sont entendus les Alliés puis les lois d'amnistie ont permis le recyclage d'un grand nombre de responsables en charge de la reprise économique. Car la réintégration sociale des « suivistes » était aussi nécessaire qu'inévitable à la mutation de la population d'après-guerre en collectif de citoyens de la république fédérale.

Un livre édifiant, abondamment illustré, mais qui ne répond toujours pas à ma quête personnelle : comment un peuple aussi éduqué a-t-il pu se laisser circonvenir par les sirènes du national-socialisme et procéder à de tels massacres ?
Lien : http://bigmammy.canalblog.co..
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Saviez-vous que durant l'après-guerre les valises sont devenues une denrée rare ? Que des stages de photographie ont été organisés dans les ruines allemandes ? Que sur certaines photos où les femmes en ruines, souriantes, forment une chaîne humaine pour déblayer les villes sont en réalité des mises en scène commandées par Goebels ?

Ce ne sont là qu'une infirme partie des anecdotes que vous pourrez trouver dans le livre d'Harald Jähner aux éditions Actes Sud que j'ai eu l'occasion de recevoir lors de la Masse Critique organisée par Babelio (et que je remercie chaleureusement au passage).

Comme je le disais, ce livre recèle donc une quantité incroyable d'infos sur une thématique trop peu abordée (par désintérêt ? Par honte ?) : cette période juste après la fin de la guerre où le peuple allemand, abasourdi, à dû se relever entre culpabilité, résignation et survie. Un renouveau, « l'heure zéro ».

Je dois tirer mon chapeau à l'auteur pour son travail, il s'agit là d'un travail colossale entre les différents chiffres, sous-thématiques et témoignages réunis. On sent dès la lecture de l'introduction qu'on va avoir affaire à une lecture intense mais ô combien intéressante (qui m'a demandé bien de la concentration, je dois l'avouer).

 J'ai apprécié le fait que de nombreuses photographies illustrent le texte et permettent de mieux se rendre compte. Mention pour les notes de bas de pages (en fin d'ouvrage) qui viennent enrichir également le texte.
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Voilà une étude passionnante sur la manière dont l'après-guerre a été vécue en Allemagne :
Comment la population a-t-elle vécu dans les ruines, sa recherche de nourriture, la gestion des déplacements de population (réfugiés de l'Est, les déplacés de Pologne et des Sudètes, les personnes libérées des camps), la recherche de travail, les nouvelles entreprises, les loisirs, l'art abstrait de l'Ouest s'opposant au Réalisme socialiste de l'Est, le sentiment de responsabilité face aux crimes ou un état d'esprit victimaire devant les ruines du pays, le refoulement...
Une réserve sur la traduction qui semble avoir été littérale et dont manque une nécessaire fluidité.
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