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Critique de dogasquet


Un couple en voiture, une petite route de montagne. Romy conduit, Sébastien est concentré sur la photo d'un paysage. Il s'est aperçu, en agrandissant, qu'il avait pris la photo d'une jeune femme brune, se prélassant sur le sable. Il la caresse du bout des doigts.
Soudain, c'est l'accident. Romy est plongée dans le coma, Sébastien, s'en sort physiquement.
On va suivre Sébastien, dans un parcours chaotique et désespéré. Il enquête pour retrouver la jeune femme brune de la photo, et en même temps, visite Romy à l'hôpital. Impuissant et coupable d'être toujours en vie.
Son angoisse de voir mourir Romy et en même temps, l'instinct de vie qui le pousse à rechercher la jeune femme brune de la photo.
Deux mondes opposés où Sébastien tente de survivre : « Un monde en mouvement, qui danse et s'agite à l'air libre, et un monde à l'arrêt, qui respire sous assistance dans une chambre étroite… et entre les deux mondes, un pied entre la vie et la mort, se tiennent ceux qui se taisent et souffrent en silence. Ceux qu'ils appellent « les chanceux », « les miraculés »… Et dont je fais partie. »

Étreindre les êtres qui nous sont chers, étreindre la vie. Même inconsciente, la proximité avec Romy est forte. Elle lui parle, elle le comprend, elle le conseille et ses mots sont doux. Sébastien entend Romy qui lui dit :
« Savoir que du beau t'attend, et que c'est normal… et même quand je te regarde, je sais que tu es déjà dans l'après. »

C'est en même temps une observation précise et fine du monde hospitalier avec les autres familles rencontrées comme Marie-Yvonne, dont le mari est (soi-disant) hospitalisé pour cancer :
« Nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir. Il y a urgence à n'en pas guérir, croyez-moi ».
C'est également les soignants dont le médecin qui suit le coma de Romy. Les attentes de la famille, les réponses du médecin :
« Et ça dure comme ça pendant 20 mn. Tu t'écoutes poser des questions, tu l'entends te répondre et tu sais que tu n'apprendras rien. Il te parle d'une voix posée, il te parle d'un dossier et il raccrochera, puis se tournera vers le dossier suivant.
Et toi, tu as envie de hurler. « Il faut du temps, il faut être courageux », il dit.
« Connard. »

Le graphisme accompagne harmonieusement le texte. Certaines planches sur la totalité de la page, sont même de petits tableaux à part entière, par leur beauté, par l'évocation précise du sentiment.
Je pense à celle de la crique, page 158 : un homme de dos, (Sébastien) regarde la mer sous la pluie.
Mais on comprend aussi qu'il n'y a pas eu de scenario indiquant le graphisme à suivre, car certaines planches ne correspondent pas au texte. On sent qu'elles ont été rapprochées sans trop de raison.
On le comprend d'autant mieux que Jim et Laures Bonneau expliquent leur façon de travailler : pas de scenario préalable. Chacun travaille, ils communiquent ensemble et construisent le récit au fur et à mesure de l'avancée de chacun.
« Nous avancions simultanément en fonction de ce que proposait l'autre.
Laurent a commencé avec le dessin d'un ami sculpteur. (…) Jim s'est accroché à une photo prise sur une plage. (…) A partir de cette photo, j'ai découpé les quelques pages d'ouverture. Un début d'histoire, une promesse peut-être. Un trajet en voiture, un accident… »
Laurent Bonneau (illustrateur)
« Pour moi, c'était une sensation très plaisante de constater qu'il savait toujours quoi faire de ce que je dessinais (seules 10 planches n'ont pas trouvé leur place sur les 300 réalisées au total). »
Malgré ce léger bémol, l'ensemble est très réussi.

Un roman graphique qui suscite l'émotion sur un sujet sensible et douloureux.




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