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Critique de beatriceferon


C'est un riant matin de mars où le soleil printanier chatouille les visages et réjouit les coeurs. Bénédicte ouvre la porte, la referme. Non, elle ne va pas partir à l'école vêtue de sa grosse parka d'hiver ! Un blouson, un foulard, un peu de parfum. C'est parfait.
Mais Julien, le chauffeur du bus qui, tous les jours la conduit à l'école, s'étonne de ne pas la trouver à l'arrêt, comme d'habitude. Et là, à l'arrière de cette voiture qui le double, n'est-ce pas elle ? le coeur de Julien se serre. La jeune fille est-elle enlevée par un sadique? Fait-elle une fugue ? le soir venu, en tout cas, elle n'est pas rentrée. Et le charmant village de Montange voit son ambiance sereine voler en éclats.
Chaque année, après l'hiver, j'attends impatiemment le retour du printemps. Et, avec lui, depuis 1999, la parution du nouveau roman d'Armel Job.
« En son absence » se déroule dans un hameau fictif d'Ardenne. Cela me plaît tout particulièrement, à moi qui, mis à part une parenthèse bruxelloise, ai toujours vécu à la campagne. J'en connais bien les plaisirs bucoliques ! Et il me semble qu'Armel Job excelle dans l'art d'en traduire l'atmosphère.
Pris un par un, les habitants de Montange sont certainement tous charmants. Et pourtant, nombre d'entre eux cachent des chagrins, des secrets, des rancoeurs .
Il y a celle qui se méfie des hommes, ne voyant en eux que des prédateurs, toujours à l'affût de chair fraîche.
Il y a celle qui, vieille fille aigrie et sans enfants, reporte tout son amour sur un neveu, certainement un peu (beaucoup?) chenapan, mais qu'elle couve d'un regard tendre, se figurant un ange pur et radieux. Les filles jeunes et jolies, qui, contrairement à elle, ont un pouvoir de séduction, elle les considère avec hargne : des messalines, des dévergondées, toujours prêtes à piétiner le coeur du naïf qui tombera dans leurs filets.
Il y a le couple qui rumine l'atroce chagrin d'avoir perdu un enfant et qui cherche, à tout prix, un responsable à qui faire porter le poids des reproches.
Il y a des potins, des ragots, des médisances.
Il y a ceux qui, sous le couvert d'une bonne action, d'un désir protecteur envers ces chères têtes blondes contre les dangers de la vie, crient haro sur tous ceux qu'ils suspectent, à tort ou à raison, de coupables desseins. Et ne mesurent pas une seconde les conséquences de leurs actes.
Il y a des parents perpétuellement inquiets pour leurs rejetons. Et il y a des enfants insouciants, avides de croquer à belles dents tous les plaisirs de l'existence. Ils vivent dans l'instant présent et ne s'inquiètent pas des possibles suites de leurs entreprises.
Chaque lieu, chaque personnage est évoqué avec précision. Considérée séparément, chaque action part d'un bon sentiment, n'est pas bien grave.
Mais, à l'instar de ce fameux battement d'ailes du papillon, ajoutée à une autre, puis à une autre encore, elle entraînera un véritable tsunami qui va proprement faire imploser le coquet village.
Le lecteur, bien à l'abri et en-dehors de l'orage, voit se mettre en place chaque pièce constituant les rouages d'une implacable mécanique qui, graduellement, s'ébranle et se prépare à bousculer quelques existences, quand ce n'est pas à les broyer.
C'est à un récit remarquablement construit, diaboliquement imaginé et, comme toujours, admirablement écrit, que nous convie Armel Job.
Une nouvelle fois, il ne m'a pas déçue. Comme d'habitude, j'ai été séduite.
Encore un livre que j'ai adoré.
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