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Critique de Foxfire


Après les débordements gore du 2ème tome, ce 3ème volet fait la part belle aux luttes de pouvoir, aux complots et aux machinations. Les Borgia au sommet de leur règne jouissent de leur pouvoir, s'adonnent plus que jamais à la débauche. Mais leurs ennemis fourbissent leurs armes. On sent bien que la fin des Borgia n'est plus très loin même s'ils s'accrochent.

Encore une fois, Jodorowsky s'amuse et amuse le lecteur avec ses excès. Cette série n'est pas à prendre au sérieux comme une biographie historique. Jodo aime choquer et le thème des Borgia est un terrain de jeu idéal pour ce provocateur dans l'âme. Je suis étonnée que beaucoup de lecteurs n'aient pas perçu la dimension d'outrance quasi-comique jouant sur le grotesque. Je suis persuadée qu'en écrivant le scénario de cette série ce bon vieux trublion de Jodorowsky se marrait bien en imaginant les mines outrées de certains lecteurs et qu'il en rajoute à dessein. Comment imaginer qu'il se prend au sérieux lorsqu'il commence ce tome par une scène de sexe délicieusement blasphématoire d'inceste sur l'autel d'une église ? Ou encore lorsqu'il imagine la scène dans laquelle l'astrologue qui lutine sa femme se rend compte en se redressant qu'elle vient d'être décapitée ?
L'outrance, l'exagération sont des formes d'humour (certes ici très particulier). Et Jodo est malicieux. Avant d'embrasser les carrières de cinéaste et auteur, Jodo a fait le clown dans un cirque.Il a également été l'élève du mime Marceau. Pas étonnant qu'il use et abuse de l'amplification comme méthode narrative.

Cette volonté d'amuser le lecteur avec ses excès de sang et de sexe ne l'empêche pas d'avoir une dimension artistique forte. Jodo est un érudit et un touche-à-tout qui s'est intéressé à une multitude de sujets, notamment le surréalisme. On ne s'étonnera donc guère que le symbolisme tienne une place si importante dans son oeuvre.

S'il ne respecte pas la véracité historique, il dépeint bien une société prise en étau entre d'un côté la corruption dépravée des Borgia et de l'autre le fanatisme religieux incarné par Savonarole. J'ai été bouleversée par cette case, déchirante de tristesse, où l'on voit Botticelli jeter lui-même au feu une de ses oeuvres jugée immorale. Entre ces deux fléaux, Jodo ne tranche pas. En éternel rebelle, ces deux tentations autoritaires lui font horreur. La théocratie voulue par Savonarole lui semble aussi détestable que le népotisme d'Alexandre VI.

Je ne reviendrai pas sur le dessin de Manara, que j'ai déjà loué dans mes avis sur les tomes précédents. Que dire, si ce n'est que c'est encor un enchantement pour les yeux.

Je vais donc avec impatience me jeter sur la conclusion de cette fresque complètement folle.

Challenge B.D 2017
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