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Critique de DODONONO


Franck JOHANNES est un journaliste du monde, où il est en charge des questions de Justice. Et c'est de justice ou plutôt d'injustice dont il est question tout au long de ce livre qui relate l'affaire Dany Leprince.
L'affaire Dany Leprince débute en septembre 1994 par le quadruple meurtre de son frère, sa belle- soeur et de 2 de ses nièces à Thorigné sur Dué une petite bourgade tranquille du département de la Sarthe.
Un crime particulièrement barbare, commis à l'aide d'instruments tranchants une véritable boucherie découverte un petit matin qui se voulait être comme les autres. La petite dernière de la famille rescapée du massacre est étrangement découverte dans son lit fraichement changée et lavée.
J'ai envie de dire que ce livre est un long réquisitoire contre l'injustice qui a frappé Dany Leprince, rapidement désigné comme le seul coupable et d'ailleurs accusé par sa propre épouse et par sa fille ainée. Tout au long de ces pages on découvre toute l'incohérence de l'enquête et de l'instruction menée à charge. Depuis les investigations délibérément orientées des gendarmes jusqu'au procès en passant par l'instruction de la juge Brunetière, tout a été fait pour accusé Dany Leprince qui après une longue garde à vue avait d'abord avoué dans un premier temps le seul meurtre de son frère. Rien de ce qui aurait pu innocenté cet homme n'a été retenu.
- Les horaires supposés du quadruple meurtre ont été changé par les médecins légistes pour mieux correspondre à l'emploi du temps de Dany et à son éventuel alibi. Ces autopsies ont d'ailleurs comportées bien des failles.
- Si l'on s'en réfère aux véritables timings de la soirée de Dany, il est impossible qu'il ait pu commettre ce meurtre
- La scène de crime a été piétinée à maintes reprises par un grand nombre de personnes, avant même que les TIC n'interviennent, polluant à tout jamais les lieux
- L'ADN de Dany Leprince n'a jamais été identifié sur les lieux, ni sur des couteaux retrouvé chez lui.
- Martine, son épouse de l'époque n'a pas fait l'objet d'une véritable garde à vue.
Ah ! Martine, Martine, il y aurait pourtant beaucoup à dire sur Martine. Pour les curieux comme moi, il suffit d'aller sur internet et là, on découvre avec stupeur les photographies de la fameuse lessive de Martine le lendemain du crime. Etrange se dit Franck JOHANNES et on le comprend, qu'une femme qui vient de marcher dans le sang de cette épouvantable carnage des membres de sa famille, ne pense qu'à faire sa lessive. Incroyable, que pas un gendarme n'a demandé une perquisition du domicile, ni pensé à saisir ce fameux linge comme pièce à conviction exploitable !
Ni les gendarmes, ni la juge d'instruction n'ont jugés nécessaire de fouiller plus avant dans l'existence de cette femme qui avait semble-t-il quelques amants. D'autre part, des personnes proches de l'enquête n'auraient-ils pas dû être écartés ?
L'auteur nous entraine tout au long de ce volumineux dossier, et malgré de très nombreuses zones d'ombre et des investigations bâclées, en 1997, Dany Leprince est condamné à la prison à perpétuité assortie d'une peine de sureté de 22 ans.
Roland Agret, lui-même victime d'une erreur judiciaire, à effectuée une contre-enquête et suite à celle-ci, les avocats de Dany Leprince ont déposés une demande en révision en 2005.
La commission de révision à fait un travail sérieux et argumenté et fait réaliser de nombreuses investigations complémentaires dont la demande de nouvelles expertises médico-légales et pendant ce temps Dany Leprince a été remis en liberté. le 1er juillet 2010, une décision tendant à la révision de l'arrêt de la cour d'assise est prononcée. Pourtant, le 6 avril 2011, la Cour de révision rejette la requête et met fin à la suspension de l'exécution de la condamnation, en quelques minutes, l'audience est levées et Dany Leprince retourne en prison !!
Lorsque l'on referme la dernière page de ce livre, on ne peut qu'avoir une intime conviction et plus qu'un sérieux doute sur la responsabilité de Martine. Car beaucoup plus tard devant les psychiatres venus l'examiner elle dira « ne plus se souvenir avoir participé à cette tuerie, « j'ai peut-être tué quelqu'un »…..édifiant, lorsque l'on pense qu'elle a envoyé en prison son ex- mari pour de très nombreuse années.
Je ne peux que dire merci à Franck JOHANNES pour ce livre sérieux qui repose sur des investigations très poussées, beaucoup plus que celle des enquêteurs et de la juge d'instruction qui devraient le lire.
J'ai remis ce livre dans ma bibliothèque sans oublier l'affaire Leprince, et sur le web, dans un des nombreux sites consacrés à cette enquête, j'ai découvert avec effroi une photographie prise le lendemain du crime par les journalistes présents.
Dany et Martine Leprince sont sur le pas de la porte de leur maison, celle située à quelques dizaines de mètre de la villa du crime… Dany arbore un visage ou ce li la peine et la souffrance mais Martine, avec son chien dans les bras et devant les photographes….. sourit……un sourire énigmatique presque narquois qui à lui seul referme peut-être la clé de l'énigme….

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