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Critique de Meps


Meps
22 février 2015
Ce livre m'a laissé une impression bizarre.

L'écriture est intéressante sans être alambiquée. Les questionnements autour de l'identité sont très bien traités tout au long du roman, que ce soit directement ou par le truchement de certains procédés ingénieux . Tous les personnages n'ont pas "droit" à un nom, et cela n'est pas anodin car certains, pourtant présents régulièrement, sont toujours désignés par les mêmes expressions, reprenant leur fonction ou leur lien de parenté avec un autre personnage. le nom du personnage principal Jun Do est d'ailleurs plein de symboles. Toutes ces réflexions ont une portée universelle et peuvent trouver écho en chaque lecteur et le toucher de manière différente.

Mais on ne peut ignorer le contexte géographique et historique de cette belle histoire. Nous sommes en Corée du Nord, de nos jours. La découverte de cette société cachée habituellement à nos yeux d'Occidentaux est assez troublante. le fait que ce soit une fiction pousse parfois à se demander si c'est réellement ainsi que les choses se passent. L'alternance entre le discours officiel et différents regards sur cette réalité, surtout dans la deuxième partie, contribue à ce trouble. le passage de la première à la deuxième partie est d'ailleurs assez magistralement mené et bluffant.

Mais ce qui m'a surtout gêné est que ce livre reste malgré tout écrit par un Américain... et que l'image assez idyllique donnée des personnages américains ne contribue pas à rassurer sur une objectivité au moins partielle. Je ne prétend pas que la Corée du Nord soit une démocratie parfaite, un paradis de la liberté d'expression ou un monde idéal; je ne suis pas assez naïf pour ça. Mais voir décrit la réalité dramatique vécue par les Coréens du Nord... par un écrivain américain alors que l'Amérique est expressément désigné par le régime comme l'ennemi principal... Je ne peux m'empêcher de penser que le regard porté ne peut être que partial.

Je reconnais malgré tout à l'auteur des qualités indéniables pour dépeindre ses personnages et les rendre touchants et proches de nous. Mais qu'y a-t-il de politique dans l'attribution du prix Pullitzer à un tel livre... ?
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