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Critique de 1966GT


Dans «Le Principe responsabilité», Hans Jonas propose un nouvel impératif : «Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre» ou encore «Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie». Ainsi est posé le concept de responsabilité des générations présentes vis-à-vis des générations futures – concept à la base notamment du développement durable. Pour argumenter ses thèses, l'auteur se réfère au mythe du Prométhée – la métaphore de l'apport de la connaissance aux hommes – pour évoquer les risques inconsidérés liés aux conséquences de certains comportements humains et de certains choix techniques, par rapport à l'équilibre écologique, social et économique de la planète. En effet, ce qui constitue l'aspect prométhéen de cette prise de conscience, c'est que l'homme ne contrôle plus la technique. La technologie le dépasse à tout point de vue, au niveau de toute l'humanité et de l'environnement dans sa globalité. de plus, les ressources de la nature ne sont pas inépuisables. Dans cette perspective, Hans Jonas va beaucoup plus loin : il affirme que l'homme est sur le point de devenir son propre ennemi, son pire exterminateur. Il y a donc pour lui responsabilité là où il y a vulnérabilité pour les êtres sans défense qu'il y a lieu de protéger pour leur survivance ou pour la naissance de leur descendance. En fait, l'auteur va plus loin – vraiment plus loin et même trop loin – en préconisant explicitement, à travers la responsabilité de tout un chacun, une «éthique de la peur», et même une «dictature bienveillante»… Mais cela n'est-il pas problématique et même dangereux de prétendre, par cette éthique de la peur, que nous avons des devoirs envers la nature, au risque de la sacraliser ? La mise en garde est d'importance dans la mouvance actuelle d'une «écologie libérale», des mouvements «pro-climat». Car, à vouloir trop en faire pour l'environnement, le risque est, non seulement, de diviniser la nature, mais aussi, de réduire l'humanité à une quantité négligeable, voire à un «rien existentiel», «un rien en soi»… !!!
Ces thèses de Hans Jonas, qui peuvent apparaître comme des spéculations inquiétantes, rendent l'ouvrage à la fois complexe et fouillé dans le propos, mais aussi difficile à lire. Cependant, malgré ce côté alarmiste de l'éthique de la peur, il reprend les concepts clés de l'éthique, de l'éducation, de la politique et de l'histoire pour les porter à la réflexion et à la discussion à l'aune du principe de responsabilité des hommes et des institutions. Un principe à reconsidérer face à une actualité désastreuse et fort peu prometteuse pour les générations à venir…
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