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Critique de SamDLit


Souriez, c'est pour la photo --- de famille aux Bertranges, 1976 - 1999. un roman qui commence par un suspens en décembre et se termine en décembre par une tempête, rythmé par les saisons de la nature et par les saisons des hommes. Radiographie d'une période révolue: politique, nature, élevage, nucléaire, hormones, sécheresse, tempête, Ouest/Est. Bienvenue au 21è S, bienvenue chez nous.

"La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois soeurs, semble redouter davantage l'arrivée des gendarmes. Seul dans la nuit noire, il va revivre la fin d'un autre monde, les derniers jours de cette vie paysanne et en retrait qui lui paraissait immuable enfant. Entre l'homme et la nature, la relation n'a cessé de se tendre. À qui la faute ?"

* En offrant aux humains de 2020 la description de ce monde révolu, cette histoire toute simple (et pleine de suspens aussi) nous rappelle à tous combien notre humanité est en péril aujourd'hui. Que la nature pourrait bien exiger de reprendre certains de ses droits, qu'elle est déjà en train de le faire, que l'enfer est pavé de bonnes intentions, d'intérêt général (souvent particulier).

* Dans ce roman de « la nature // humaine », l'auteur rappelle 30 ans d'histoire où sont évoqués, convoqués, passés à la loupe les progrès, les luttes, la vie politique et les catastrophes successives qui ont jalonné la fin du XXe siècle, percutant de plein fouet toute une famille.

@ Beaucoup de tendresse et un peu de nostalgie dans ce roman. Comme l'impression d'y être chez moi et de vivre avec toute la famille autour du poste de télévision à attendre le journal parlé et les informations, de grandir en même temps qu'elle (le sida y est évoqué aussi)
@ Beaucoup d'humour aussi et en même temps une vision claire de ce qui s'est passé pendant ces presque 30 ans que ce soit en France ou en Belgique, nous sommes voisins - je viens moi aussi d'un petit village & je me rappelle bien les vaches paissant à côté de chez nous - juste avant l'autoroute et notre départ vers la ville.
@ Les personnages y sont aimés par l'auteur: Alexandre, Jean, la mère, le vieux Crayssac, les grands-parents, les petites et puis grandes soeurs, tous sont très attachants, c'est presque normal puisque eux, c'est nous. Comme si l'auteur nous avait demandé de poser avec lui pour sa photo de famille. Il a réussi ici l'album en entier avec toutes les photos de chacun d'entre eux aux différents âges de leur vie et celles de la nature aussi. Bravo l'Auteur.
@ L'écriture est simple directe sans effets de style.
Les chapitres alternés entre les différentes périodes de vie d'Alexandre (de sa famille, de l'époque, de la campagne, de la ville, de l'ouest et de l'est, des jeunes, des vieux, des amours avec Constanze) - entre passé et présent, permettent d'avoir une respiration qui se fait bien souvent dans la nature, les bêtes, les champs bleus dans lesquels on pourrait se noyer avant de se replonger dans l'homme et ses errements, ses folies, ses erreurs qu'on appelle parfois progrès ou anti-progrès.

Conclusion toute simple: j'ai vraiment aimé cette histoire ! de Serge Joncour qui (re) pose les questions fondamentales d'aujourd'hui sur demain en se basant sur le déjà hier. Les Bertranges, c'est eux, nos parents, nos grands-parents, c'est nous aussi. C'est vous et moi !
Un roman touchant à l'essentiel, et par l'écriture et par les sujets et par l'émotion. Il m'a touchée, il m'a eue. c'est foutu - Ah bon ? - C'est le vieux Crayssac qui aurait eu bien raison finalement de prévoir la fin du monde ? Et bien NON, ce roman est aussi plein d'espoir en l'humain donc en vous, en moi, en nous.
Rentrée 2020: j'espère que ce livre aura un de ces prix qui mettent en lumière car lumineux il l'est ce roman et pcqu'elle le vaut bien cette Nature Humaine. Nous la valons bien cette nième chance. A nous de la saisir. (Lecture du 20/09/2020)

Et Playlist est offerte avec le roman, nostalgie, les vieux tubes, un régal aux oreilles aussi tout comme l'évocation des plats de notre enfance. Un régal et je me suis régalée.
PS: Petit Paysan et Devenue veuve à 24 ans peuvent compléter cette lecture.

Rem: Mis à part la politique typiquement française évoquée - moins marquante pour une petite belge - avec cet espoir placé dans une rose et la liesse que cette rose bientôt fanée avait provoquée, tous les sujets évoqués dans ce roman, je les ai vécus comme nous tous (de loin souvent en fonction de mon âge de l'époque et de mon insouciance): La sécheresse et chaleur de 1976 (j'étais planquée dans la cave avec les chiens y cherchant un peu de fraîcheur, je n'y ai pas vu plus loin), le nuage de Tchernobyl (mon amie Hanna, tchèque, a probablement été une de ses victimes collatérales ayant perdu de nombreux parents d'un cancer), la catastrophe Erika et tout ce pétrole gluant qui avait tué des milliers d'oiseaux, images frappantes, la chute du mur de Berlin pour laquelle nous avions tous dansé de joie, le scandale de la vache folle, les veaux piqués aux hormones, l'arrivée du sida à une époque où avions déjà goûté aux joies de la sexualité libre bientôt recouverte d'un plastique sanitaire, les campagnes désertées par les rats devenus de ville, les villages aux âmes dépeuplés (Muno, son église, son café, son unique épicerie/boulangerie), les dangers des amitiés entre potes plus âgés et plus politisés pouvant amener à des actions commandos. Bref, ce roman, c'est tout ça aussi. En plus d'un immense rappel du simple respect que nous devons à la nature, notre mère nourricière, pour qu'à son tour elle nous donne le droit de continuer à y vivre.

- Lecture du 20/09/2020 -
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