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Critique de LicoriceWhip


Jean est flic, débarquant de la ferme familiale perdue dans le Lot pour être parachuté dans les pires zones de non-droit de la banlieue parisienne. Dès les premiers jours, il se retrouve à l'hôpital avec deux collègues, multiples fractures et illusions qui s'envolent. Mais il y a son collègue Raymond. Paternel, bourru, le vieux de la vieille à qui on ne la fait pas. Il va protéger Jean à sa manière, en l'enrôlant dans “Mérovée”. Un groupuscule où ils sont quatre désormais à faire justice eux-mêmes envers “ces salauds d'arabes” et ces quartiers où la police ne passe plus sans manquer de prendre un cocktail molotov sur le pare-brise. Jean se dit que c'est mieux que rien, il y prendrait presque goût. Jusqu'à ce soir où lors d'une “descente” de Mérovée qui tourne mal, on l'envoie supprimer un témoin gênant. Mais Jean aime les hommes. Et face à Rachid, le témoin gênant, le coup de foudre est brutal, violent. Rien ne sera simple.

Après le scandale de Rose bonbon, livre vendu sous blister qui a valu à son auteur d'être à peine soutenu par son éditeur, et une sacrée volée de bois vert pour avoir osé endosser le rôle d'un narrateur pédophile, Nicolas Jones-Gorlin a attendu longtemps de republier un roman. Mais il est resté attaché aux sujets inflammables ; Mérovée est un roman de 200 pages, dont la densité et le tranchant sont tels qu'on ne peut que le lire lentement, petits bouts par petits bouts, c'est nécessaire pour le digérer. Nicolas Jones-Gorlin déroule son histoire avec une netteté tranquille et implacable. Une histoire casse-gueule où l'on redoute tous les clichés sur la banlieue, les racailles, les pédés, raccourcis faciles et argot de rigueur. Si la langue qui anime Mérovée est pleine de violence rampante, elle reste comme contenue, telle une menace tapie dans l'ombre, c'est elle qui tient le lecteur par les tripes comme un poing fermé. Violence des actes du groupe Mérovée. Violence du passé de Jean. Violence de ses sentiments pour Rachid. Violence de cet univers de béton et de poutrelles métalliques dont la description semble sortie d'un roman de SF post-apocalytique. Qualité très rare, il arrive à rendre tout à la fois ses personnages attachants et méprisables. Jean dont la vitalité débordante pourrait aussi bien être mue par l'énergie du désespoir, apparait profondément humain bien avant d'être flic et pédé. “Flic et pédé. T'as vraiment pas de chance.” Dialogues taillés au rasoir contre monologues plein de spleen et de rage, et une intrigue comme savent les mener les vrais romanciers.
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