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Critique de Sofiert


On ne peut parler de ce livre sans s'émerveiller de l'écriture puissante et flamboyante de Robert Jones Jr.
Une écriture si lyrique qu'elle frôle souvent l'emphase et peut dérouter, voire agacer ceux qui sont retifs à cette rhétorique. Il n'empêche que l'auteur maîtrise parfaitement ces procédés et les distille avec une jubilation que l'on devine assez sensuelle.

Plusieurs voix se croisent dans ce roman, et ce sont les voix d'outre-tombe, les voix des sept prophètes qui bénéficient le plus d'un traitement lyrique. C'est là où l'on peut avoir le sentiment d'une rupture dans la narration, rupture parfois perturbante, mais que l'on apprécie une fois le roman terminé. Non seulement comme des respirations, mais aussi comme des sortes d'incantations d'une mystérieuse poésie.

Robert Jones a imaginé son roman depuis 2006 avec la volonté de représenter les personnes queer et noires durant la période esclavagiste des États-Unis. Il  plante son décor dans une plantation du Mississippi qui fait reposer sa fortune sur la maltraitance et la cruauté envers les esclaves, les considérant comme des animaux sans âme juste capables de se reproduire pour renouveler la main-d'oeuvre. Les viols, dans "la cabane à baise" deshumanisent hommes et femmes, contraints de s'accoupler pour procréer. Et brisent plus encore les femmes qui subissent également les assauts du maître de la plantation et de ses surveillants.

Au milieu de cette barbarie, un couple fascine par la force et la sérénité de son amour. Samuel et Isaie sont inséparables depuis l'enfance et irradient au milieu de la plantation. Leur amour est connu mais ne dérange personne, tant les jeunes hommes sont appréciés de tous. Jusqu'au jour où une concordance d'éléments va provoquer un drame qu'Amos, l'esclave auto-proclame prêcheur, attise en stigmatisant une relation impure aux yeux de Dieu.

Ce roman choral donne aussi la parole à des esclaves aux personnalités très fortes mais au parcours douloureux. Chacun dissimule d'innombrables blessures, des pertes et des humiliations, des renoncements et des rêves à peine esquissés.
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