Citations sur L'Épée des ombres, Orbit tome 1 : Le piège de la glace bla.. (5)
"Je t'en prie, emmène-le dans ta chambre, Katia, je t'en prie." Ash s'en voulut de penser cela. Elle avait horreur d'imaginer les mains énormes de Marafice l'Oeil étreindre le dos de Katia. Néanmoins, elle avait besoin que sa suivante fasse diversion. Elle devait absolument quitter la forteresse du Masque. Cette nuit.
Angus tira son épée. Une arme toute simple, en acier gris ardoise. Il s'avança d'un pas et, ce faisant, parut se dépouiller de quelque chose, comme une peau morte. Il parut plus grand, plus imposant, plus terrible. De cuivrés, ses yeux devinrent dorés.
- Et cette nuit-là, pendant que tu te débattais comme un beau diable, à donner des coups de tête dans les dents du vieux Duff ou à me broyer les noisettes à coups de genoux, j'ai senti...
- La sorcellerie ? (Raif)
- Non, le destin.
Angus laissa les mots se prolonger un moment, puis haussa les épaules.
- Appelle ça une affabulation de vieux rôdeur si tu veux. Une foutue divagation, parce que j'étais en train de me faire broyer les couilles. Je sais seulement qu'à un moment, je me suis dit "si terrible que ça paraisse, ça doit avoir lieu".
En réintégrant son corps, il perçut un goût métallique dans a bouche et sentit une goutte d'urine couler le long de sa cuisse. Il lui répugna de trouver une trace d'humidité à cet endroit. Il avait ses faiblesses en horreur. Tout en faisant rouler sa salive pour cracher, il jeta un dernier coup d'oeil vers la silhouette en robe blanche de Sarga Veys.
Ce dernier regardait droit vers lui.
Troublé, Iss recula d'un pas. "Je me tiens dans l'ombre, se dit-il, cinq étages au dessus de lui. Comment sait-il que je suis là ?".
La projection ! Sarga Veys avait dû percevoir la projection. Le visage d'Iss s'assombrit. La pouvoir qu'il avait projeté était si insignifiant, un grain de poussière dans la brise, qu'il n'aurait jamais dû être détecté. Et pourtant Sarga Veys lui souriait, le saluait d'un geste du bras. Iss pivota et quitta la pièce. Maintenant, Veys saurait, avec une certitude absolue, que l'Esquille renfermait un secret que le haut seigneur tenait à lui cacher.
Il avait beau guetter impatiemment la venue du Porteur-de-Lumière, regretter le monde de la lumière, de la chaleur et des gens, ils exécrait tout cela avec une froideur ultime. La solitude se nourrissait de lui, et il se nourrissait de la haine. C'était grâce à la haine qu'il avait surmonté ces années de ténèbres, survécu à l'immobilité forcée et aux poids distincts de la souffrance physique. C'était grâce à elle qu'il pouvait affronter une vie qui n'avait ni jours ni nuits, ni saisons, ni soleil ni pluie. Qu'il parvenait à se raccrocher aux derniers lambeaux de son être.