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Critique de Yaena


Le Dust Bowl c'est cette tempête de poussière qui a frappé l'Oklahoma dans les années 30 sur environ une décennie. Des petits grains de poussière qui ont jeté sur la route des milliers de familles qui ne pouvaient plus cultiver leurs terres. Des travailleurs de la terre désormais sans métier, sans maison, sans avenir qui partent vers l'ouest, en Californie, vendre leur force de travail. Ceux qui restent n'ont plus rien, que de la poussière et du sable. La poussière ça n'a l'air de rien, mais ça s'insinue partout dans les plis de vos vêtements, dans vos maisons, dans l'air que vous respirez elle s'infiltre dans vos poumons et vous étouffe à petit feu. La poussière vous prive de lumière, d'eau, d'air, d'espoir et d'avenir. Elle vous affame, vous malmène, elle est insaisissable et partout. Passive, envahissante, redoutable et surtout implacable. Rien ne lui échappe. C'est un ennemi puissant qui ne se combat pas.

« J'ai appris combien la poussière diffère du sable. le sable est concret. On peut en sentir les grains quand ils glissent entre les doigts. La poussière est beaucoup plus fine. On ne peut pas en distinguer les particules. Etonnement la poussière semble se comporter comme de l'eau. Par conséquent le paysage d'ici ressemble à un océan secoué de vagues. Pour les gens du coin, de telles distinctions comptent peu. Ils doivent vivre avec ces deux fléaux…les nuits de poussière…et les jours de sable. »

Ces hommes et ces femmes jetés sur la mythique route 66 tentent d'échapper à ce fléau. Ils ont abandonné à la poussière tout ce qu'ils avaient mais d'autres sont restés. C'est eux que John CLARCKS est parti photographier pour le compte d'une organisation gouvernementale. Il faut montrer la misère pour espérer attendrir les décideurs et lever des fonds. Il faut montrer au monde l'enfer du Dust Bowl. Mais une fois sur place John va trouver bien plus que de la misère, car les plus grandes richesses se cachent parfois dans les lieux les plus démunis.

En cheminant avec John dans ces paysages apocalyptiques j'ai senti l'ombre de Steinbeck planer sur chaque image. J'ai eu le sentiment que Aimé de JONGH faisait revivre la famille JOAD, en tous cas leur souvenir a accompagné ma lecture de la première à la dernière page.

Des dessins magnifiques qui parlent d'eux-mêmes. Des pages entières sans un mot où tout est dit. Des visages qui disent la détermination, la fierté, l'épuisement, la colère, la combativité, la résignation, les joies simple, l'espoir.
Des visages d'enfants espiègles, attachants, de paysages désolés, du vent, de la poussière, du sable et au milieu de tout ça, la vie.
Des photos de l'époque et quelques pages sur le contexte historique complètent le tout.

Un sans-faute pour ce roman graphique d'une grande intensité, sans misérabilisme et qui étreint le coeur.

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