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Critique de 5Arabella


Helena est en apparence le personnage principal de ce roman. Mais nous ne saurons pas grand-chose sur elle au final. Elle habite Londres, a une soeur, Alice, qui travaille dans un orphelinat en Tchétchénie et qui ne donne pas de ses nouvelles. Helena écrit des livres sur l'art, sur les artistes, qui ne se vendent pas beaucoup, mais ses parents lui ont laissé des revenus qui lui permettent de ne pas avoir besoin de gagner sa vie. Donc elle écrit ou tente de le faire sur Joseph Cornell et ses boîtes, elle est tout particulièrement fascinée par la série consacrée aux hôtels, dont l'Hôtel Andromeda du titre. Elle parle de ses tentatives pour écrire son livre avec ses voisins, une vieille dame et un écrivain, son amant occasionnel. Mais son quotidien est perturbé par l'arrivée de Ed, un photographe tchèque, qui dit venir de Tchétchénie et connaître sa soeur. Il se fait héberger par Helena, ils parlent un peu de son travail, et un peu de la situation en Tchétchénie, même si Ed n'est pas loquace.

Peut-être qu'au final c'est Joseph Cornell qui est le personnage principal du dernier opus de Gabriel Josipovici. La vie et l'oeuvre de l'artiste américain sont ici évoquées très précisément, l'air de rien, dans les conversations qu'Helena a avec les gens qu'elle croise. le livre qu'elle souhaite écrire se trouve en réalité contenu dans les échanges des pages du roman. Il y a à la fois la vie et une analyse de l'oeuvre, fascinante et riche. Tout cela l'air de rien. Sans oublier en contrepoint, les échanges sur la guerre, sur les valeurs, sur l'évolution du monde et de la civilisation. Ce qui pose évidemment le sens de l'art et de la création dans une autre perspective.

Comme toujours chez Gabriel Josipovici, c'est brillant, profond, très complexe, sous les allures de conversations, de quelque chose de quotidien. Finalement, la question principale est pourquoi les artistes, certains artistes, sont si importants pour nous. Comment arrivent-ils à dire à notre place et donner une forme plus palpable à nos ressentis et idées. Qu'est ce qui pousse certains d'une manière irrépressible à faire oeuvre, qui va résonner, en dehors des effets de mode, d'une valeur marchande, d'une forme d'utilité. L'art est-il une fuite ou au contraire une autre approche de réalité, aussi forte que l'action. Questions sans réponse univoque, on ne peut que constater une forme d'évidence de la création, de son besoin et de sa résonance.
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