Araki fait comme s'il ne choisissait rien. Comme si c'était le monde qui élisait son œil pour se voir lui-même tel qu'il est aux yeux d'un promeneur solitaire.
C'est en déboulant ainsi dans le réel qu'Araki photographie absolument tout ce qui vient, mais aussi tout ce qui s'éloigne, juste avant de disparaître de sa vue.Rien ne semble lui échapper. Il veut tout saisir avant sa mort. C'est sa manière d'enregistrer le monde tel qu'il est, de le capter dans son immédiateté, de l'inscrire dans l'interminable manuscrit de son roman visuel, comme si sa propre existence se confondait coûte que coûte avec le volonté de sauver la vie par la vue. La vie, et non pas la mort ni la guerre, qu'il a choisi de ne pas donner à voir.