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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette "Géométrie des possibles", c'est une fresque incroyable qui nous est peinte par l'auteur, avec un soucis du détail et une précision comme seul un grand artiste peut le faire. Avec savoir-faire, Édouard Jousselin met en scène des personnages diversifiés qui n'ont, à première vue, aucun point en commun. Leurs destins se croisent et nous attendons avec nervosité la fatalité de chacune de ces trajectoires.

Du terrorisme à Hollywood, de la criminologie au Dark Web, les thèmes qui y sont abordés rendent bien compte de la complexité de notre contemporanéité. La narration, maîtrisée et captivante, nous donne presque l'impression d'être au cinéma. Je vous avertis : il est impossible de se lever de son siège. Nous sommes cramponnés à son roman, du début jusqu'à la fin.
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Inutile de raconter l'histoire, la trame, c'est déjà fait. Je ne peux que donner raison à tous ceux qui ont trouvé ce roman envoûtant. C'est un beau bébé dodu, mais il est si chaud et si doux qu'il est difficile de le lâcher. C'est vraiment un bien bel ouvrage.
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La géométrie des possibles m'a embarquée dans cette histoire ou se mêle tant des destins et de moments de la petite histoire contemporaine.
Le récit nous fait découvrir de nombreux personnages tous différents les uns de autres et que rien ne semble relier entre eux mais petit à petit les liens apparaissent pour tisser une histoire.
Ce n'est jamais évident de naviguer entre de nombreux personnages en plus quand on joue entre les époques les lieux tout cela sans suivre une chronologie linéaire car on va d'une époque à l'autre sans ordre et en changeant tout le temps de personnages
Mais tout est facile à suivre clair on ne se perd jamais grâce au talent de l'auteur qui mène bien son histoire et qui fait aussi que l'on s'attache aux différents personnages de son histoire.
Très bon moment que ce roman
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Soyons honnête, vu la taille du livre, celui-ci est resté un peu à côté de ma pile car je pensais mettre des semaines à le lire et accumuler du retard. Mais je m'y suis mit, et je l'ai dévoré en deux jours seulement.

Pourtant, un livre avec autant de personnage, sur des époques différentes, ce n'est pas simple pour moi en général, mais là, il y avait quelque chose dans ce roman qui a fait que j'ai eu aucun souci.

Est-ce le style d'écriture que j'ai trouvé assez fluide, avec des mots et des tournures abordables, le rythme avec des paragraphes courts changeant rapidement, me permettant ainsi de ne pas perdre le fil de qui est qui, les personnages en eux-mêmes, tous un peu torturés et attachants, sûrement le mélange de tout cela.

Passant allègrement de Quarré-les-Tombes dans le Morvan, à Hollywood avec un détour par le darkweb et la télé-réalité, l'auteur nous fait suivre des destinées très diverses et variées, contemporaines, qui vont finir par se croiser à un moment ou à un autre. Un point également que j'ai beaucoup apprécié, je n'arrivais pas à savoir quel personnage allait avoir une interaction avec quel autre tant qu'Edouard Josselin ne l'avait pas décidé.

Ne vous découragez pas comme moi devant les 600 pages, vous passeriez à coté d'un livre audacieux et parfaitement maitrisé.
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« La géométrie des possibles » est le second livre d'Édouard Jousselin. À seulement 35 ans, il propose ici un roman-fleuve doublé d'un roman choral d'une remarquable densité. le texte s'étend des années 90 aux années 2000 et trace le destin de plusieurs personnages, à travers les époques et les lieux. du petit village de Quarré-les-Tombes dans le Morvan aux vignes bordelaises, de Paris aux États-Unis, de l'État d'Oklahoma à la Californie, le monde bruisse et la destinée des personnages s'entrelace. le texte s'ouvre sur un accident de voiture. Les détails qui y sont apportés donnent le ton : précision, mélange des genres entre cinéma et littérature, références pointues et émotions.

Différents personnages hantent ces pages avec un seul point commun : l'attachement immédiat et instinctif du lecteur. Si on les connaît à peine, on les aime déjà. Cette affection quasi reptilienne se renforce au fil de « La géométrie des possibles » sans que l'on comprenne réellement ni comment ni pourquoi. L'auteur parvient si rapidement à nous les faire aimer ! Une famille, voilà ce qu'ils seront tous à la fin des 600 pages de lecture. Dans la partie française du récit, on rencontre Lucien, ancien résistant, qui ne s'est pas remis des atrocités de la guerre et dont les nuits sont peuplées par des fantômes. Sa fille, Isabelle, mariée avec Dominique, a deux enfants, Max et Marine. le premier ne sait pas vraiment quoi faire de sa carcasse, la seconde a une ambition démesurée. Il y a aussi Clarice, petite amie de Max, qui rêve de devenir une grande actrice à Hollywood. Pour la partie américaine, plusieurs personnages masculins vont avoir un rôle à jouer dans le récit. Steve est fan de super-héros et d'une trilogie cinématographique en particulier. Il use et abuse des paradis artificiels en Oklahoma. Ben, père de famille est le jouet d'un destin bien facétieux. Candidó, d'origine mexicaine, veut vivre une existence plus douce en Californie. Pour y parvenir, son parcours sera semé d'embûches. Chacun de ces personnages a des ambitions particulières pour son avenir. Chacun des rêves et des espoirs. Chacun subira des désillusions, des regrets et des changements de cap. Quel est le fil conducteur qui permettra à Édouard Jousselin de rapprocher ces femmes et ces hommes au fil du temps ?

Dans « La géométrie des possibles », la structure narrative n'est pas linéaire. L'auteur joue avec les époques. Si l'on considère que les années 2000 sont le présent du récit, de nombreux retours dans le passé permettent de comprendre la genèse des personnages et des situations. de la même façon, les années qui passent permettent d'appréhender les changements qui s'opèrent en eux. C'est un enchantement d'explorations et de découvertes ! Parallèlement à ce choix narratif, Édouard Jousselin a façonné son roman en naviguant dans les espaces (entre la France et les États-Unis) et a opté pour le roman choral afin d'être au plus près de ses personnages. Dans les parties consacrées aux années 90, les détails sont impressionnants. Préparez-vous à une résurgence de vos souvenirs ! Les changements de temporalité, de lieux, de personnages enrichissent considérablement le récit, complexifient l'histoire sans la rendre nébuleuse et autorisent une intense jubilation de lecture.

Pour s'attarder un peu sur les lieux, il me faut vous parler de la précision des parties californiennes. Pour y avoir vécu, vous savez à quel point je suis sensible aux détails, qu'ils relèvent des lieux, de la façon d'y vivre, ou des subtilités du quotidien qu'il est difficile d'appréhender sans y avoir vécu. J'ai été enchantée par l'acuité des indications topographiques (Topanga canyon notamment, mais aussi les routes/autoroutes mentionnées), les descriptions des rituels américains (le café) et la connaissance des spécificités inhérentes à ce pays où effectivement le surnom de William est Bill (comme celui de Richard est Dick, ou celui de John, Jack). Tous mes souvenirs sont remontés à la surface tant les détails sont soignés et les remarques pertinentes. Mais, « La géométrie des possibles » est également une balade bucolique dans les vignes bordelaises et les plaines du Morvan, Morvan qui inspire bon nombre d'auteurs en ce moment. Les lieux collent littéralement à la peau de certains protagonistes, tant et si bien qu'ils sont des personnages à part entière. Qu'on veuille les fuir ou s'y ancrer, ils sont omniprésents et apportent au récit une dimension sociale très importante. Ils ancrent le roman dans une réalité tangible.

« La géométrie des possibles » immerge le lecteur dans le monde contemporain. D'abord par l'Histoire, ensuite par les thématiques abordées. le roman couvre environ trente années marquées par de nombreux événements historiques, catastrophes, rebondissements politiques, attentats, etc. Les histoires des personnages sont habilement entrelacées avec la grande Histoire, ce qui ponctue le texte de réalisme en nous replongeant dans des faits marquants de notre passé commun. Passionnant ! Évidemment, les thématiques décortiquées reflètent les enjeux de ces années comme l'arrivée massive d'internet, le du darknet, la précarité, les crises sociales, les rebondissements et surprises politiques, la lente progression vers une ubérisation de la société pour ne citer qu'elles. Au coeur des personnages, de leurs destins, de leurs espoirs, Édouard Jousselin transcende les amitiés et les traîtrises, les secrets de familles, les amours contrariés ou déçus, les chemins de vie tout tracés qui changent de trajectoire ou au contraire les itinéraires prédestinés.

Édouard Jousselin réussit ici un tour de force par sa virtuosité à relier les destins de ses personnages grâce à une construction si ingénieuse qu'elle frôle le génie. À travers les voyages dans le temps et les espaces, la découverte progressive du vécu de ses personnages et les choses de la vie qui les frappent, il tient son lecteur sans jamais l'embrouiller ou le lâcher. Les détails qu'il procure renforcent cette immersion totale et ses descriptions ancrent le récit dans le réel. L'attachement envers les protagonistes n'en est que plus exceptionnel, le lecteur tremble avec eux, vit avec eux, existe à travers eux. Ces destins croisés complexes, histoires dans l'Histoire font de « La géométrie des possibles » un roman à tiroirs, un ravissement pour ces lecteurs qui aiment l'audace, la prise de risque, l'absence de facilité et l'originalité.

« La géométrie des possibles », fresque contemporaine, roman choral, est une oeuvre éblouissante, aboutie et brillante, digne des plus grands. Ces personnages, qui ne cherchent qu'à exister dans leurs vies respectives, existent dans la nôtre. Que leurs trajectoires se croisent ou divergent au gré du hasard ne change rien à la tendresse qu'on leur porte. Ils ont leurs propres ambitions, mais capturent véritablement notre époque en donnant le pouls des trente dernières années.

Ne vous laissez pas décourager par sa taille, une fois le roman achevé, vous en demanderez encore. Je vous garantis un maelstrom d'émotions ! MAGISTRAL !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Un panorama saisissant de notre époque
C'est avec un roman choral qu'Édouard Jousselin confirme son talent à construire des histoires foisonnantes. de Los Angeles au Morvan, il va peindre une riche galerie de personnages qui vont lui permettre d'analyser avec acuité nos sociétés contemporaines.

Le roman s'ouvre sur une scène d'accident mortel sur l'autoroute 101 aux abords de Los Angeles. Il a coûté la vie à un producteur de cinéma.
Puis on bascule en février 2012, dans l'église de Quarré-les-Tombes dans le Morvan où l'on enterre l'un des derniers résistants de la Seconde Guerre mondiale. Au sein de la maigre assemblée, on compte Dominique son gendre et ses petits-enfants Maxime et Marine. Attardons-nous un peu sur cette dernière. Elle a fait le voyage depuis Paris où elle travaille d'arrache-pied pour intégrer une classe préparatoire. Joignant l'utile à l'agréable, elle révise avec son amant Stéphane, mais elle sait déjà que leur histoire ne durera pas.
En parlant de révisions, Maxime laisse entendre qu'il a travaillé sa philo avec Clarice, alors qu'ils n'ont fait que baiser. Il faut dire qu'au sortir de l'adolescence, leur libido est un élément primordial de leur vie provinciale. Clarice se rêve actrice et remercie Max qui vient de lui affirmer qu'il a envoyé sa vidéo à son beau-père, producteur à Hollywood. Un mensonge qui lui permet de voir Clarice fondre d'amour pour lui. le jeune homme, quant à lui, arrondit ses fins de mois sur internet. le geek a mis au point un système d'arnaque qui permet à ses clients d'accéder à des sites pornos qu'il déverrouille et rassemble.
Pendant ce temps, à Tulsa en Oklahoma, les frères Steve et Tyler assistent à la projection du troisième film de la série The last Fighters, une franchise au succès planétaire dont on suivra la production jusqu'à l'opus 4 intitulé Aux racines de la colère.
Mais auparavant, on aura refait un voyage dans le temps, en avril 1995. L'occasion de découvrir les vies des parents et grands-parents des personnages si bien dépeints dans les chapitres initiaux. On y découvre notamment Isabelle que la naissance de Maxime traumatise, son père parti commémorer la fin de la Seconde guerre mondiale sur les Champs Élysées et croiser Mitterrand et Chirac qui vient tout juste d'être élu, tandis qu'aux États-Unis un attentat vient de souffler un immeuble fédéral d'Oklahoma City. Parmi les fonctionnaires blessés figure Bill, le père des deux frères, qui sera marqué à vie physiquement, mais surtout psychologiquement.
Si la galerie de personnages est loin d'être complète, elle permet cependant de bien comprendre l'intention d'Édouard Jousselin, tirer des fils entre les différents personnages et les différentes époques, développer cette géométrie des possibles –un excellent titre – et ce faisant explorer la complexité de notre époque. Car à l'image des acteurs de ce roman choral, on va constater combien les années vont les changer, que la vérité de l'instant n'est plus celle de ceux qui vont suivre. Et que l'analyse à chaud n'est pas forcément la plus pertinente. le 11 septembre 2001 en est l'exemple le plus saisissant, parce qu'il «se vit en mondovision comme une finale olympique.» L'événement va saisir les personnages quasiment en direct. «Ben Crawford à Los Angeles, Jessica Dahlgren à Paris, Cándido Rincón dans sa loge de gardien de l'Arroyo Blanco, Isabelle et Dominique Richard à Quarré-les-Tombes, Lucien Michot sur son canapé, William et Lucy Smith dans le matin de l''Oklahoma, Bruno Landisier quelque part sur la route d'un festival du film ou sur un plateau de tournage, tous reçoivent un flux d'ondes décrivant la trajectoire d'hommes se jetant d'une tour en flamme pour s'écraser à une vitesse folle sur la dalle new-yorkaise. Aucun ne peut détourner le regard ni éteindre son émetteur radio. Aucun ne comprend complètement ce qui se déroule. Aucun n'ose y croire.»
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Certainement un des dix (ou peut-être un des cinq) meilleurs romans que j'aie lu depuis une dizaine d'années ; encore une fois, je dois cette lecture à une critique de mon ami Christophe, que j'en remercie ici.
L'histoire, ou plutôt les histoires, qui d'une certaine façon n'en font qu'une, est racontée du point de vue du narrateur omniscient, et prend la forme, maintenant classique, du roman choral,où l'on passe d'un personnage à l'autre à travers l'espace et le temps.
Je pourrais énumérer les lieux multiples de l'histoire, entre la France et les Etats Unis, de Quarré-les-Tombes, village de la France profonde et périphérique à Los Angeles, mais ce serait établir un inventaire à la Prévert ; et puis finalement il suffit de parler de Quarré-les-Tombes et de Los Angeles, passant ainsi d'un lieu de vie des gens qui sont de quelque part à la capitale mondiale des gens qui ne sont de nulle part, des exclus aux inclus, et brossant un tableau d'ensemble de nos sociétés occidentales finissantes.
Le temps du récit, c'est notre époque, du milieu des années quatre vingt dix du siècle précédent aux années vingt de notre siècle, avec des échappées jusqu'aux années deux mille cinquante, pour suivre le destin final de certains des personnages.
Les personnages, il y en une foule, de tous les âges et de tous les milieux ; il n'y a pas de héros, car tous sont au même titre les héros du livre ; nous les rencontrons par courts épisodes et les retrouvons à des âges différents, dans un ordre non chronologique, leurs destins étant bien sûr alternés ; et, évidemment, certains sont appelés à se rencontrer ; un roman choral, donc, mais d'une trame particulièrement riche et complexe, où le lecteur inattentif risque de s'égarer et de devoir revenir en arrière pour savoir qui est exactement ce Ben ou cette Jess.
L'histoire ? Mais je l'ai dit, c'est notre histoire, l'histoire de notre temps, où nous pouvons tous retrouver une part de nous-même.
Et qui aurait pu facilement se développer sur six cents pages de plus tant elle est riche et complexe.
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Quel fil invisible relie un ancien résistant, une starlette de la téléréalité, un père de famille américain, un couple d'étudiants appliqués, un migrant mexicain et une jeune mère au bord de la crise de nerfs ? Aucun en apparence, et pourtant.
Des brumes du Morvan aux plages de Californie, des profondeurs du Darkweb aux paillettes d'Hollywood, espaces et temps se télescopent, selon les lois d'une énigmatique géométrie des possibles.
Dans ce deuxième roman, audacieux et addictif, Édouard Jousselin déploie une chronique vertigineuse de notre époque.

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir la jolie plume de l'auteur. Je suis tombée sous le charme du style de cet écrivain manipulateur du "temps des horloges". Il est clair que pour ce récit sélectif, Édouard Jousselin a décidé que le temps calendaire est un corset trop étroit...mais, pour moi, il est clarifiant (je le tiens pour acquis maintenant 😂). le récit oscille entre passé et présent avec une opiniâtreté diabolique. J'ai deux fois été saisie d'un vertige provoqué par le bazar mental d'une lecture hachée avant de percevoir l'effet papillon. Ce roman in-fine trace une ligne dans le fouillis inextricable des agissements humains. Ici, l'écrivain n'a pas choisi le risque d'être simpliste. Il met en évidence la complexité de ce que la spontanéité de la vie livre de façon floue. Il joue avec le temps :  Anachronisme, ellipses, interférences temporelles, analepses et prolepses bouleversent l'ordre de présentation.
Une lecture qui m'a suivie dans mes rêves. J'ai reconstruit la nuit suivante la chronologie de l'histoire des protagonistes de Quarré-les-Tombes.
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En jonglant avec les époques et les personnages, Édouard Jousselin nous propose un roman à la construction impeccable. Il brosse une vaste fresque sur deux décennies, dans laquelle se débattent une dizaine de personnages.

Nous avançons entre la France et les États-Unis sur un fil tendu qui jamais ne se rompt. Progressivement, les liens invisibles qui relient les personnes apparaissent, une toile se forme. Nous rencontrons des personnages aussi divers qu'un migrant mexicain, un adolescent un peu paumé, une mère de famille qui refait sa vie, un producteur hollywoodien, et tant d'autres encore. Par un habile jeu de va-et-vient, ils se dévoilent et évoluent. Ils affrontent les évènements de leur temps : attentats, gilets jaunes et Covid.

La grande force de ce roman, ce sont ces personnages. Malgré leur différence et leur nombre, l'auteur réussit à en faire des figures extrêmement crédibles. Ils sont tous suffisamment singuliers pour qu'on ne se perde jamais entre les histoires, ils ne sont pas non plus caricaturaux. Il y a une part de tendresse dans les portraits, quelque chose qui fait que jamais nous ne rions d'eux, même dans les moments où ils sont misérables. Certains aspirent à de grands destins et d'autres se contentent de vies routinières et sans éclats. Certains réussissent brillamment et d'autres les regardent avec envie. Il y a forcément, dans ce livre, des échos à notre propre existence, à nos relations, à nos espoirs et à nos échecs.

Ni lassitude ni temps mort n'apparaissent tout au long de ces six cents pages. La lecture est extrêmement fluide malgré la grande complexité du récit. Les attentats du 11 septembre, les gilets jaunes ou le Covid sont des toiles de fonds et jamais le sujet – comme dans nos vies finalement, et j'ai aimé qu'ils ne soient que cela dans le roman.

« La géométrie des possibles » raconte les virages que prennent parfois nos vies. Ce roman dit notre capacité à nous réinventer et à saisir ou non les opportunités. Il y a tant à dire sur chacun des personnages, sur leurs choix ou leur absence de choix.
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Coup de coeur !
● « – […] C'est l'objet de mon roman : à travers cet homme, je voulais parler d'un esprit, un esprit très français. L'esprit de résistance.
– Et c'est justement là où votre livre devient un grand texte. Vous ne racontez pas seulement l'histoire de ce Lucien, mais vous allez bien au-delà, vous disséquez la psyché française. Et pour ce faire, vous remontez jusqu'à Charlemagne, si je ne me trompe pas…
– Oui, pratiquement, sourit Stéphane.
– Pour finir avec les Gilets jaunes. »
● 2012. Quarré-Les-Tombes, en Bourgogne, dans le Morvan. On enterre Lucien Michot ; son gendre Dominique Richard est présent aux funérailles, mais pas sa fille Isabelle, divorcée de Dominique. Ses petits-enfants Maxime, dit Max, et Marine sont là aussi. Max est en Terminale, mais ne pense qu'à s'envoyer en l'air avec sa copine Clarice qu'il méprise et qui, elle, ne rêve que d'être une grande actrice hollywoodienne. Max lui fait croire qu'il peut lui ouvrir des portes grâce à son beau-père qui est producteur à Los Angeles. Marine est en prépa HEC à Paris ; elle travaille beaucoup et a un copain qui est dans la même classe, Stéphane. Elle n'est pas amoureuse de lui, mais fait avec en attendant mieux. Dominique est fan de foot, notamment de l'AJ Auxerre. Puis nous allons explorer le passé, en 1995, époque de la jeunesse de Dominique et Isabelle, et faire la connaissance d'autres personnages sur le continent américain.
● Je suis complètement admiratif du brio narratif de ce deuxième roman d'Edouard Jousselin (je n'ai pas lu le premier). Les fils narratifs paraissent d'abord épars et on se demande comment l'auteur va pouvoir rassembler tous ces personnages, d'autant que leurs relations n'apparaissent pas avant la moitié du livre. ● de même, il y a un va-et-vient brillant entre les époques, en gros les années 1990 et les années 2010 (avec de petites incursions au Moyen Âge et même dans l'Antiquité !). Beaucoup d'auteurs font cela, mais peu le font avec autant de finesse et de subtilité. ● L'apparence est désordonnée, mais en fait on se rend compte que tout est très savamment orchestré, y compris la résurgence de l'année 1993 ou l'apparition de certaine lettre à la fin. ● L'architecture narrative est remarquable et permet au lecteur de découvrir des secrets peu à peu révélés, sans que cela paraisse le moins du monde artificiel. ● L'ambitus temporel permet à l'auteur d'embrasser les événements des trente dernières années, sur le plan de la politique française comme étatsunienne, des faits de société, du terrorisme, des meurtres de masse, des épidémies… ● le roman est addictif, même au début lorsque l'auteur parle de personnages sans qu'on comprenne ce qui les lie car il a le don de les rendre attachants et on a envie d'en savoir plus sur eux. C'est un captivant tourbillon de destins individuels qui s'entrechoquent avec les événements du monde. ● le foisonnement de personnages ne nuit pas du tout à la compréhension car ils sont tous très bien caractérisés et on les garde en mémoire dès qu'ils apparaissent. ● Edouard Jousselin parle avec un égal bonheur des territoires morvandiaux laissés pour compte, de la grande viticulture bordelaise, de la téléréalité, d'un migrant mexicain et de la poudre aux yeux d'Hollywood… ● C'est un superbe roman au souffle magistral dont on lit les six cents pages en apnée. Quelle ambition et quelle réussite ! Même le titre est magnifique ! Je remercie Chantal @kittiwake de me l'avoir fait découvrir et à mon tour je le conseille sans réserve !
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