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Critique de sylviefevrier


« La Messagère de Verre », de Jean-Benjamin Jouteur, nous invite à une plongée dans l'univers des marins, de la mer et ses légendes.
C'est tout d'abord un message désespéré d'une adolescente en détresse, enfermée dans son monde, un monde sourd, dans les entrailles de l'Océan, où règne un silence absolu, au coeur d'un univers ouaté, une matrice, hors de toute communication avec l'extérieur, et en particulier sa famille.

L'histoire s'ouvre sur un chant, un chant d'amour désespéré d'un skipper, Loïc qui a perdu sa moitié, sa marine, Hervelyne, dont le bateau a été emporté dans la tourmente du Golfe de Gascogne.
Où est-elle si loin de lui, quelque part dans l'Océan ? Où est son corps ?
Loïc se refuse à croire à sa mort. Elle a disparu mais elle est là.
D'ailleurs n'a-t-il pas entendu sa voix ? Et ce ne sont pas les vapeurs de l'alcool qui le font divaguer !
Depuis son enfance, Loïc converse avec les morts. Les morts l'interpellent, lui rappellent les légendes de la mer et le guident.
Doit-il encore écouter ces voix qui l'invitent à prendre cette bouteille échouée à ses pieds et à lire l'appel de détresse ?

Loïc, malgré lui, va se sentir appelé vers un destin qu'il n'a pas choisi.
Un enchaînement de circonstances, d'étranges coïncidences, tout un ensemble de synchronicités vont l'amener à rencontrer la famille Vernet, et surtout Estelle, une adolescente en révolte et réfractaire à toute ouverture, même si Loïc souhaite lui tendre la main et la sauver de son mal-être et de son désespoir. Estelle préfère se raccrocher au seul contact qui lui permet de sortir d'elle-même : Luc, un jeune adolescent qui, comme elle, souffre d'incommunication.

Loïc, mû par la mission qu'il s'est donnée envers Estelle, guidé par la voix d'Hervelyne, acceptera d'être le skipper de l'Albatros, le voilier que Philippe Vernet, le père, a acquis pour faire le tour du monde avec sa famille.
Mais le voilier a un secret qui sera révélé à Loïc, un secret que Philippe, qui n'en est pas à un mensonge près, a caché aux siens, un secret… ou plutôt une malédiction qui doit être exorcisée selon un rituel spécifique au monde des marins. Philippe se refuse à le faire, mais Loïc a perçu Philippe, sous son verni, son apparence d'ingénieur intrépide mais peu sûr de lui, au point de choisir Loïc comme skipper.

La traversée sera rude, pleine d'imprévus et les éléments naturels se déchaineront pour créer la catharsis. La mer porte un message et un avertissement.
Pris dans la tourmente, tous les acteurs de cet opéra devront se révéler, quitte à mettre leur vie en jeu et finalement abattre leurs cartes, jeter le masque et montrer leur véritable visage, mettre leur personne à nu. Même Lucile, la fille aînée des Vernet, à qui tout réussit, fera le jour sur sa véritable identité
Au terme de cette traversée paroxystique, chacun trouvera sa voie et réparera ses blessures.
Loïc pourra enfin faire le deuil d'Hervelyne et se lancer vers une nouvelle destinée vers cet océan qui à jamais l'appelle.

On reste sur cette note sereine, pleine d'espoir, après avoir été tenu en haleine par ce récit épique et riche en péripéties où la mer est finalement le personnage central de ce chant à plusieurs voix, qui nous emporte et nous transporte, guidés par Neptune et Éole.
Oui, la mer prend, appelle, nous met face à nous-mêmes, et nous amène à suivre la Voie, notre voie profonde que, dépouillés de nos leurres, de nos illusions, nous finissons enfin par voir et accepter.

Je ne saurais que trop recommander la lecture de ce roman de Jean-Benjamin Jouteur qui a su de sa plume alerte et précise nous plonger dans cet univers, cet opéra marin que l'on a bien du mal à quitter, tant sa musique et son chant résonnent au coeur de nous.


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