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Critique de Dionysos89


Avec Magies Secrètes d'Hervé Jubert, je découvre, en avant-première, l'un des trois premiers titres sortis à l'occasion de la naissance d'une toute nouvelle collection, « Pandore », dont Xavier Mauméjean, lui-même, prend les commandes, alors il va falloir s'accrocher car il pourrait y avoir du très lourd dans cette collection du Pré aux Clercs, d'autant qu'ils visent apparemment cette catégorie nouvellement cernée par les éditeurs, les « Young Adults » : tout un programme… marketing surtout (Le Pré aux Clercs dédie d'ailleurs un site internet tout spécialement à cette collection : http://www.lepreauxclercs.com/site/pandore/).

Nous pouvons faire un constat simple d'emblée : avec sa très belle écriture et son style franchement chaloupé, Hervé Jubert donne du plaisir à lire, c'est indiscutable, mais ne nous facilite franchement pas la tâche ! Beaucoup de lecteurs se plaignent qu'Hervé Jubert nous perd complètement dans son univers extrêmement riche, mais n'est-ce pas là une caractéristique de la plupart des mondes de fantasy ? Y être perdu et découvrir plus tard que tout peut y être aussi tangible et compréhensible que dans notre petit monde « normal »… C'est vrai, le héros Beauregard (qui porte un oeil de verre d'ailleurs, avouez qu'elle est bonne celle-là, non ?) parcourt sa ville sans nous dire à chaque coin de rue qu'il connaît tel banc pour s'y être assis, telle échoppe pour s'y être accoudé et qu'il ne se souvient plus des nuits passées là ou tel caniveau pour s'y être retrouvé plusieurs matins avec la gueule de bois… mais heureusement qu'il ne nous guide pas pied à pied, un peu de réalisme que diable ! Quel ennui ce serait d'avoir autant d'explications pour si peu d'action, heureusement donc qu'Hervé Jubert se sent complètement empli de l'univers si particulier qu'il a créé. Or, en parlant d'explications précises, l'auteur compense tout cela par un nombre impressionnant de notes de bas de page, chose extrêmement rare dans une oeuvre de fiction : n'est-ce pas, là encore, le signe que l'auteur est littéralement immergé dans le monde qu'il a créé ? Ce monde, justement, se veut une adaptation libre du Paris du second Empire dont l'auteur semble, par ses recherches, être un spécialiste. Personnellement, j'aime beaucoup également cette période, mais je regrette la trop grande tendance de l'auteur à calquer la toponymie et l'Histoire de cette ville de Sequana sur ce Paris-là. Comment ne pas voir dans Sequana (nom du fleuve, de la ville et de l'empire, rien que ça !) la Seine associée par métonymie à Paris, dans « Hoffmann » notre « Haussmann » national qui agit comme le premier pour harmoniser de manière drastique l'urbanisme de la capitale, ou bien dans l'aiguille de Cléopâtre l'Obélisque de la Concorde (ou de Louxor plutôt) ? Les exemples ne sont peut-être pas légion, mais ils sont certainement multiples : je vous passe entre autres les quartiers comme celui de l' « Étoile » situé au bout d'un « grand boulevard »…
Je serai assez avare d'explications et de détails sur l'intrigue car, après ces quelques réflexions, je tomberais facilement dans le spoiler outrancier. Toutefois, quitte à faire quelques réflexions tout de même, il est à noter que nous ne savons pas du tout qui, dans le monde de Sequana, nous raconte cette histoire et surtout quand il le fait. Les dernières phrases peuvent nous lancer dans des suppositions très variées et les différentes allusions au cours du récit nous conduisent à penser que c'est un contemporain de Beauregard, témoin des faits ou en ayant entendu parler, qui écrit de nombreuses années après les événements de cette intrigue, mais il est difficile d'en dire davantage sans se lancer dans des supputations vaseuses.

Une impression mitigée au bout du compte, car finalement ai-je vraiment envie de lire la suite des aventures de Georges Hercule Bélisaire Beauregard, ingénieur-mage au service de l'empereur ? Pas forcément, il faut l'avouer, mais d'un autre côté, des questions se posent, je me suis laissé porter sans aucune difficulté par cette aventure… donc il y a de quoi être mitigé et, peut-être, faudrait-il relire ce roman dans un autre contexte, plus favorable pour apprécier cet univers si particulier et si riche.
Merci en tout cas aux éditions le Pré aux Clercs, qui inaugure leur nouvelle collection, et à Babelio, pour m'avoir permis d'acquérir ce très beau roman (magnifique couverture au passage !). le petit mot des éditions le Pré aux Clercs envoyé avec le colis est, lui aussi, toujours très apprécié. Au plaisir donc de lire d'autres ouvrages de cette nouvelle collection...

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