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Critique de saphoo


Une étrange biographie pour une femme des plus singulières, à l'image de Facteur Cheval, Jeanne a bâti son empire, son royaume pour se protéger de séquelles de la guerre. Fait de bric et de broc, glanés sur la plage, sur les trottoirs lors des ramassages des monstres, rien ne se jette, Jeanne avait le vent en poupe avant l'heure : le recyclage, une seconde vie des objets, et de tout ce que les autres ne veulent plus. Elle ramasse, entasse, et puis recycle, un exemple : Une TV qui sert de table de nuit. Pour certaines, elle est une artiste d'un genre peu commun pour d'autres la folle de Saint-Lunaire. C'est certain dès qu'on franchit la marge, on n'est plus dans les clous on est fou.
Jeanne est une bâtisseuse, une poétesse, une sensible, elle aime retrouver ses invisibles, dont son frère Lucien qui lui manque tant. Sa vie est bien remplie, point de repos si ce n'est à la mauvaise saison et encore, y a toujours à faire, comme attendre dans un transat rouge la chute de la dernière feuille du tilleul qui trône au mitan de son séjour ! Et oui, Jeanne, pas si bête, ainsi elle peut ramasser toutes les feuille en une seule fois, et on n'en parle plus.
Sa maison dérange, mais aussi interpelle, les curieux affluent après un petit passage au 13 h. Mais un seul, a su aborder Jeanne dignement, ce Japonnais, qui poliment a partagé ce poids, cette douleur de la guerre qui ravage des corps mais aussi des âmes. "Les hommes qui ont approché la guerre ont dans les yeux une flamme qui vacille. L'ombre des morts pèse de tout leur poids sur leurs épaules. La sidération a imprimé sur leurs fronts ces sillons profonds. " Autour d'un thé, ils se sont racontés leur guerre.
Jeanne nous surprend par sa force, son obstination, sa patience et sa candeur, son comportement étrange sans doute, et ses cris la nuit... Que savons nous des tourments de Jeanne, une forme de folie, j'en doute, une façon de vivre sûrement :" Parce que ta vie fut un naufrage. Et ta maison une île au coeur de la tourmente."
Son comportement à s'y méprendre peut ressembler au Facteur cheval, cet homme avare de paroles , celui-ci a connu la perte, la douleur, mais aussi le bonheur, celui qui a voulu érigé son palais idéal pour ces amours perdus.
Jeanne, est elle à sa manière, un Facteur cheval, il manque la beauté dans son oeuvre et peut être un sens structuré. le palais idéal, on le conserve, le protège, en effet car il est magnifique mais la maison de Jeanne comme disent les voisins, cette verrue, on la détruit !
Un portrait intéressant peint avec beaucoup de pudeur, de respect et de poésie.
Une découverte, je n'avais jamais entendu parlé de cette femme, et encore moins de sa maison.
La construction est aussi originale chaque partie représentant un point cardinal, un mur de la maison. Et bien sûr la plume de Fabienne Juhel, un enchantement.

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