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Critique de Malaura


Depuis toujours, l'héroïne des Bois dormants s'est perdue.
Cela a commençé deux semaines après sa naissance, lorsque ses parents l'oublient dans une fête foraine.
Dans ses yeux de nourrisson, la Voie Lactée s'est inscrite, laissant un grain de poussière étoilé au centre de son cerveau.
En grandissant, à l'école elle préfère les chemins buissonniers, les flâneries dans les bois dans lesquels elle s'égare avec allégresse, avec constance, avec application, « à la recherche d'un nom à donner au vide ».
Trente ans plus tard, mariée à Michel, son grand homme noir, et mère de deux enfants métis, elle se perd encore, mais cette fois pour de vrai.
L'étoile frontale accrochée à son cerveau, la tumeur aux contours d'astre, ne lui laisse que quelques mois à vivre faits d'oublis, de confusions, d'éparpillements et de dispersions qui prêteraient à sourire s'il n'y avait la chute dans l'escalier et le coma profond d'où notre belle aux Bois dormants continue ses déambulations, s'enfonçant dans la forêt de l'oubli jusqu'au point de non-retour...

Fabienne Juhel a trempé sa plume dans l'encre de la nuit pour nous en ramener des éclats d'étoiles, des lueurs de vers luisants, des lumières d'aubes, des murmures et des chuintements, des bruissements de sous-bois, des rires cristallins, des illustrations de livres d'images, des joies primaires, des terreurs enfantines et des saveurs d'enfance…et aussi des yeux qui s'écarquillent, des pas dans la mousse, des gouttes de rosée sur le tapis des feuilles, un tronc d'arbre-cachette, un loup qui fait peur et une truite soeur...
Sentiers de perdition par lesquels il fait bon s'égarer, pour rêver encore…encore, avant que les moniteurs de l'hôpital ne s'arrêtent et que la mort ne vienne chuchoter « ses mots d'ombre » à la conteuse des Bois dormants.

Dans ce roman de la perte, la romancière aborde le thème de la fin de vie sans jamais emprunter le chemin de la tristesse et du deuil.
Au contraire, sa plume fluide, éthérée, gracieuse, s'étanche à la source de la poésie pour nous en faire jaillir toute la part d'onirisme et d'irréalité, et tout le chant de vie malgré la mort si proche.
Un bel univers à découvrir, tissé de songes, de contes, de chemins de traverse, de sentiers escarpés qui nous conduisent au coeur d'un imaginaire sensitif et fantasque.
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