Citations sur Les Gauches françaises (1762-2012), tome 1 : Histoire, .. (6)
En France, la droite représente des intérêts, la gauche des idées, l'extrême droite et l'extrême gauche des passions. Or les idées et les passions divisent les hommes ; seuls les intérêts peuvent les unir, au prix d'une négociation permanente entre leurs représentants. C'est pourquoi la droite, sous sa forme modérée, c'est à dire orléaniste, estime avoir une vocation et un droit naturel à exercer le pouvoir.
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En France, la classe ouvrière, en dépit des efforts du syndicalisme révolutionnaire, n'a jamais atteint la majorité politique et est toujours restée sous la tutelle des partis bourgeois de gauche. La Parti Socialiste, dont le centre de gravité a toujours été le fonctionnaire, l'instituteur ou le postier, et non le métallo ou le cheminot, a été l'expression de cette réalité ambiguë.
La vérité, est que la Révolution n'a pas seulement créé l'opposition entre droite et gauche. Elle a aussi divisé, tout au long du XIXème siècle, pour ne rien dire de la suite, la gauche elle-même.
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Déjà se dessinent sur la carte de France les zones de force du part, qui subsisteront, avec des niveaux variables, tout au long de son histoire : d'abord la banlieue parisienne, à base essentiellement ouvrière, qui dessine bientôt une "ceinture rouge" autour de la capitale ; ensuite, tout aussi importante, le Nord et le Pas-de-Calais où les mineurs et les ouvriers de la sidérurgie fournissent là encore les plus gros bataillons.
A quoi il ajouter le pourtour ouest du Massif central, de l'Allier à la Haute-Vienne, prolongé par la Dordogne : ici ce sont les petits paysans parcellaires, farouches individualistes, anticléricaux et égalitaires qui fournissent le fond de la clientèle. Enfin, les Bouches-du-Rhône autour de Marseille et le Gard, avec l'ensemble de leurs activités industrielles et minières : ces zones de force sont autant de pierres d'attente, isolées mais solides, avant la constitution de l'ensemble de l'édifice à l'occasion du Front Populaire et de la Libération de la France.
Ainsi, il serait absurde, en l'absence du concept de gauche, d'identifier celle-ci avec l'idéologie des Lumières. [...] Il est en revanche incontestable que la gauche de la IIIe République a opéré un tri sélectif dans ce patrimoine et s'en est approprié une partie, de sorte qu'il est absurde de dire que les Lumières sont de gauche, mais qu'il est légitime de soutenir que la gauche est le parti des Lumières.
Le 11 Janvier 1924, le Parti communiste tient un meeting à la salle de la Grange-aux-Belles, ancien siège communiste de la CGT et haut lieu du syndicalisme révolutionnaire, contre la vie chère et la politique française en Allemagne. Indignés par une telle provocation, et électrisés par l'arrivée à Paris de Makhno, le légendaitre chef anarchiste ukrainien, les anarchistes sont venus en nombre et tentent de s'emparer de la tribune. C'est aux communistes, à leur tour, de ne pas supporter l'affront. Alors, le capitaine Treint commande à son service d'ordre et d'ouvrir le feu. Dans le tas! Le bilan est de deux morts et de nombreux blessés. Le communisme d'alors n'est pas une simple tendance électorale...