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Critique de colimasson


Anima : contrepartie féminine dans la psyché de l'homme. Animus : contrepartie masculine dans la psyché de la femme. Ainsi pouvons-nous réduire les idées jungiennes selon les raccourcis jungiens eux-mêmes.


Homme, Jung n'approfondit pas l'exploration de la notion d'animus, considérant que seule une femme pouvait le faire. D'ailleurs, une telle tâche est-elle possible alors que Jung considère que l'animus témoigne de l'emprise intellectuelle de la femme par un faux esprit mâle inférieur en raison ? Toute expression rationnelle de la femme n'est pas loin de la feinte, serions-nous tentés de dire, surtout après avoir lu les déclarations de Jung dans L'analyse des visions. « Aussitôt surgit l'animus qui lui fait dire : « Je pensais… » Dès qu'une femme commence sa phrase comme ça, vous savez qu'en réalité elle n'a pas pensé, absolument pas, et c'est bien ce qui a le don d'irriter l'esprit de l'homme, parce qu'il ressent qu'elle a été désinvolte, irréfléchie, au sujet de quelque chose d'important pour lui. »


Peut-être lui-même fort de préjugés qu'il ne remarque pas, retombant antiquement, sur la question de la femme, à la fascination/répulsion duelle pour l'impossible convergence du corps et de l'esprit, Jung nous étourdit dans ces séances rapportées de platitudes, tendant presque lui-même à incarner l'animus dans ses plus risibles atours. « L'animus provoque chez une femme l'illusion qu'elle se donne entièrement au spirituel ou au mental, alors même qu'en réalité elle est bien davantage dans le corporel, davantage emportée par la passion, beaucoup plus dans la chaleur de l'enfer, bien plus que toute autre femme. »


Jung nous confie heureusement le secret de l'attitude appropriée à adopter face aux manifestations si déplacées de l'animus : « La seule chose qu'un homme puisse faire [face aux manifestations de l'animus de la femme], c'est se dire d'accord avec les jugements tranchants que la femme exprime et ainsi de lui donner comme punition de la décevoir. Alors, elle découvre tout à coup qu'elle a victime d'un esprit malin. »


Est-ce cette tactique qu'employa Emma, la femme de Jung, lorsqu'elle s'employa à reprendre l'affaire afin de parler de l'animus du point de vue de la femme ? S'est-elle adressée la suggestion de dire amen à toutes les opinions de Jung à ce sujet dans l'espoir, s'il pouvait être conscient de sa part d'animus, qu'il en éprouve enfin un peu de honte ? Quoiqu'il en soit, Emma ne réalise pas une oeuvre très originale et s'il s'agissait de démontrer que la femme peut avoir, ainsi que l'affirmait Jung, une vision du monde différente de celle des hommes – modulant, nuançant ou contestant donc la définition de l'animus – c'est raté. S'appliquant à témoigner d'un animus positif selon les termes de Jung (âme collective ancestrale), Emma Jung nous contera habilement quelques histoires intéressantes empruntées à diverses sources mythologiques afin d'appuyer son ( ?) propos.


A cette première partie, suit la contribution de James Hillman, plus audacieuse, moins révérentielle, plus stimulante donc. Cherchant à anéantir la confusion qui attache l'anima à certaines de ses formes de manifestation, il restaure la profondeur de la psychologie analytique. Il rappelle ainsi que l'anima est une modalité relationnelle déterminée par de l'autre (trinité) et non pas une simple relation spéculaire et imaginaire tournant dans le circuit fermé entre moi et l'autre (dualité). Il évite les solutions simplistes qui nous prennent dans le piège des opinions nées de la sexuation désirante. Hillman, contrairement à Jung, ne pense visiblement à aucune femme réelle lorsqu'il traite de l'anima. Ainsi évite-t-il de définir un idéal de la sexuation qui ne serait qu'un idéal du fantasme.
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