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Critique de GODON


GODON
09 décembre 2015
Dans «Le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or», Jung propose une approche qui déplace la métaphysique vers la psychologie.
Il décrit une méthode d’investigation de l’esprit, qu’il faudrait d’abord assimiler avant de lire ses autres écrits.
Jung considère les religions ou les spiritualités comme représentant des manifestations fondamentales de la psychè humaine. Elles reflètent les interactions entre l’inconscient et le conscient qui pour lui sont le propre de la vie mentale de tout être humain.
Comment Jung les décrit-ils :
- L’inconscient est collectif, c’est une matrice qui contient ou génère les «archétypes», objets mentaux inconscients qu’il suppose communs à tous les hommes. Ces objets sont sans clivage, ils sont en tant que symboles avec deux faces, ils apparaissent dans les rêves, les religions, les mythes.
- La conscience donne une interprétation, un sens aux contenus qu’offrent le monde extérieur et le monde intérieur. Le monde devient compréhensible mais au prix d’un clivage des objets mentaux, il y a séparation des contraires bien/ mal, vrai/faux, beau/laid.
Interpréter les croyances religieuses ou les textes métaphysiques comme des contenus symboliques est doublement enrichissant : on accède à un sens clair pour des croyances qui, considérées en elle mêmes, paraissent obscures et arbitraires; ce sens est celui d’un processus d’échange dans un langage symbolique entre l’inconscient et le conscient. De plus ce sens éclaire des possibilités individuelles concrètes de compréhension, de guérison ou d’accomplissement.
Dieu… C’est remarquablement un symbole de l’archétype «Inconscient», une image qui convient pour représenter notre partie mentale cachée qui nous détermine. Dieu se manifeste à la conscience individuelle mais il ne peut être saisi entièrement. Le symbole met ensemble, l'antonyme littéral du «symbolique» est le «diabolique», ce qui divise.
Autre tradition… Jung interprète le Tao chinois comme une description symbolique d’un processus de transformation pour atteindre une réalisation psychologique : la découverte d’un point d’équilibre pour l’esprit entre l’inconscient et le conscient, Jung l’appelle la réalisation du Soi.

Avec son approche, Jung dessine un brillant rapprochement entre les traditions de l’Orient et celles de l’Occident. Si l’on tentait une synthèse métaphysique, on n’irait pas très loin. Jung permet d’aborder les deux systèmes avec une même grille de lecture, celle de la psychologie analytique.
L’Orient part de l'inconscient, ou plutôt est parti depuis bien longtemps de l’inconscient, il peut reconnaître dans la conscience les figures, les complexes autonomes qui viennent de l’inconscient. Cela fait écho à la classique critique du moi des spiritualités orientales (qui déroute tant les occidentaux). Trouvez comment relâcher l'emprise qu'ils ont sur la conscience peut mener à l'accomplissement que le Tao désigne métaphoriquement par «le corps de diamant». Les objets venant de l’inconscient sont identifiés et les contraires ne sont pas séparés, c’est le principe du yin et du yang. Ainsi la conscience ne nie pas l’inconscient et peut trouver un point s’équilibre.

L'Occident moderne part de la conscience et nie fanatiquement l’inconscient et donc sépare les contraires. Il y a menace individuelle ou collective que cette négation ravage le moi en le submergeant de contenus refoulés. Le salut serait de réintégrer, en les comprenant les avatars de l’inconscient, ils libèreraient la conscience et permettraient de se replacer sur le point d’équilibre (désigné par le Tao).
Quand le christianisme pouvait encore être une évidence individuelle… Dieu s’incarnant, était le symbole de l’intégration de l’inconscient au conscient. L’Eglise puis nos sociétés scientistes ont produits une morale qui a promu le bien, une réflexion rationalisé qui a promu le vrai, auxquelles nous adhérons sans comprendre que les contraires qui ont été niés peuvent resurgir incompréhensibles et dangereux dans la réalité.

Jung le dit mais et n’y insiste peut être pas assez dans ce texte : les métaphysiques parlent un langage symbolique très simple et très puissant qui nous dit qui nous sommes et comment le vivre.
La symbolique autour de Dieu nous parle de notre nature psychique profonde.
Le Tao nous guide vers un point d’équilibre possible et protecteur.
Ce point d’équilibre existe, il devrait être notre foi. Et si le thérapeute peut aider à le trouver, sa recherche et sa découverte ne peuvent être qu’œuvre individuelle. À ce point la vie de chacun peut se transfigurer. Jung décrit une sorte de processus d’illumination où, on ne résout pas le problème mais où,on le dépasse, c’est à dire qu’on parvient à un nouveau niveau de conscience induit souvent par un événement extérieur ou par une expérience intérieure fortuits.

La pensée peut aussi guérir.

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l’autre préface de ce livre, sur le Yi King et cette idée très originale de Jung, la synchronicité… A voir dans un autre commentaire…
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