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Critique de Luniver


Epuisé après sa longue marche, K. ne songe plus qu'à se reposer dans le petit village qu'il vient d'atteindre. Il lui faut toutefois une autorisation du château pour y passer la nuit. K. tente un coup de bluff en prétendant être un arpenteur recruté par le comte, et, à la surprise générale, l'administration du château confirme K. dans ses fonctions, et lui adjoint même deux aides pour l'assister dans sa tâche.

Au petit matin, K. tente d'éclaircir ce mystère, d'autant plus qu'on lui confirme rapidement qu'aucun travail d'arpentage n'est nécessaire dans le village. Mais tous ses efforts pour contacter l'administration se révèlent vains. On refuse de le recevoir, les fonctionnaires qu'il guette à la sortie de leur bureau préfèrent rester cloîtrés. Son comportement choque d'ailleurs les habitants du village, habitués à plus de respect pour cette prestigieuse organisation et incapables de comprendre autant d'obstination à déranger des personnalités respectables pour une requête aussi insignifiante.

Mais K. s'entête, multiplie les démarches. Il ne parvient toutefois qu'à se fâcher avec tous les habitants qui lui prodiguent des conseils, et les contacts qu'il pensait proches du château avouent au final ne pas comprendre le fonctionnement exact de l'administration et d'être même incapables de reconnaître avec certitude un fonctionnaire important. Et quand par hasard survient une petite ouverture, il la gâche par son comportement inadapté. Pendant ce temps, le château lui envoie des lettres pour le féliciter de son travail d'arpenteur qu'il ne peut accomplir…

Notre attitude envers K. se modifie au fil du récit. Au départ, on le soutient dans son combat contre ce système arrogant, on applaudit sa combativité, à l'inverse des habitants du village totalement soumis. Mais on comprend ensuite, bien plus vite que lui, que ses efforts resteront sans effet, qu'il s'agite pour rien. Son comportement devient alors pesant, pénible et épuisant. Ce roman est resté inachevé, mais je n'ai pas été surpris d'apprendre que Kafka comptait d'ailleurs faire mourir K. d'épuisement à la fin du récit. Il aurait bien été capable de faire mourir son lecteur de la même manière.

Le château est un roman qui nécessite beaucoup de concentration, mais j'imagine que personne n'a l'idée de lire Kafka pour se détendre sur la plage de toute façon. On peut y trouver plusieurs niveaux de lecture : on peut se contenter d'y trouver une critique des administrations tellement lourdes qu'elles perdent le contact avec la réalité, mais on peut également voir le château comme le symbole d'un idéal impossible à atteindre : le bonheur ou même le paradis pour certains commentateurs qui estiment que la religion est très présente dans l'oeuvre de l'écrivain.

Je conseille de bien choisir le moment pour ouvrir ce livre, car il nous force à tordre nos réflexes pour les adapter à sa logique particulière, mais quand on est dans les bonnes dispositions, c'est un vrai régal.
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