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Critique de Lutopie


Le premier chapitre du procès, le début de la fin.
La procédure a pour fin de conduire l'homme à sa fin mais qu'en est-il du processus de l'écriture existentielle de Kafka ?
Le décor expressionniste écrase littéralement les protagonistes avec ses plafonds bas, ses angles morts, ses couloirs qui n'en finissent pas, ses portes qui paraissent démesurément loin, à cause de la perspective. Lignes de fuite, point de fuite possible pour Joseph K.
Le Tribunal, la Banque, la Bureaucratie. Rien de plus terrifiant pour tous ceux qui ne supportent pas l'attente, qui ne supportent pas de savoir où en est leur procès, leurs requêtes. Joseph K. , fondé de pouvoir, se sent, paradoxalement, impuissant. Il se sent harcelé par le Tribunal, persécuté par son procès. Aussi l'accusé se fait-il la victime au cours du procès.
Le procès, c'est l'histoire d'un jugement erroné sur la personne. Il y a des préjugés de la part de K. On le juge de même. L'accusé qui se réclame innocent, et ce de manière catégorique, n'est-il pas coupable de ne pas se remettre en question alors même qu'il remet en question, auprès du juge d'instruction, la Justice ? le juge d'instruction n'est-il pas là pour rééduquer Joseph K. dans une parodie de procès ?
Et il revendique son statut, son pouvoir, comme si le pouvoir conféré par son statut de fonctionnaire, à la banque, était nécessairement fondé. Il se considère toujours dans ses rapports aux autres, comme étant supérieur à ses interlocuteurs. Les personnes qui lui font face sont toujours des subalternes ou des personnes qui ne méritent pas leur statut à ses yeux aussi ne supporte-t-il pas son supérieur hiérarchique direct, le directeur adjoint, et ne considère-t-il jamais les membres du Tribunal suffisamment compétents pour traiter son affaire aussi se moque-t-on de son comportement déplacé, anormal, parce qu'il ne respecte pas les codes élémentaires du droit qui régissent l'ordre de la société. Il ne respecte pas la Loi mais quel commandement enfreint-il ?
Ne sachant pas ce qu'il a fait avant son arrestation, on ne peut que le juger selon ses actes et ses paroles, selon sa manière d'être pendant le Procès. En cela, Kafka se pose comme étant pré-existentialiste.
Dans la cathédrale, Joseph K. écoute le sermon de l'aumônier de la prison, monté sur sa chaire, un sermon qui lui est personnellement destiné étant donné que l'homme d'église l'interpelle et qu'ils sont seul à seul. le prêtre lui présente la Parabole des Portes de la Loi – la Loi - comme dans les Tables de la Loi - et il propose plusieurs commentaires du texte selon la tradition judéo-chrétienne. K. condamne à la lecture du texte le gardien des Portes l'accusant de tromperie mais l'aumônier lui répond que « d'aucuns disent […] que l'histoire ne confère à personne le droit de porter un jugement sur le gardien. » parce qu'il sert la Loi et que la Loi est sacrée, essentielle, nécessaire, mais K. reproche à cette « sinistre » version de « faire du mensonge l'ordre universel ». Cette parabole n'est-elle pas porteuse de vérité ?
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