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Critique de April-the-seven


Je pressens déjà qu'écrire cette chronique va être compliqué. King's Game me faisait envie depuis un moment. Depuis que les éditions Lumen avaient annoncé sa sortie, en fait. Je ne lis pas beaucoup de romans baignant dans la culture japonaise, et l'intrigue, bien que froide, cruelle et sanglante, laissait présager que ça allait me plaire. Je ressors de cette lecture avec un sentiment indéfinissable. Je suis encore abasourdie, dans le bon, comme dans le mauvais sens.

Nous suivons Nobuaki (oui, le même nom que l'auteur. Ne cherchez pas), un jeune lycéen qui mène une existence banale. Dans sa classe de 32 élèves, tout se passe relativement bien. Il y a des amourettes, des amitiés, des conflits… tout ce qu'un ado lambda à l'habitude de vivre au quotidien. Un jour cependant, chaque étudiant de sa classe reçoit un texto. L'expéditeur se dit être “Le roi” et leur lance un défi. Dans un temps imparti, ceux qui sont désignés par le défi doivent l'exécuter. S'ils refusent, ils recevront un gage. Et le gage, c'est la mort. Au début, nombreux sont ceux qui ne parviennent pas à prendre au sérieux ce jeu macabre, mais à mesure que les gages tombent, les élèves comprennent qu'ils sont prisonniers d'un inconnu qui s'amuse avec eux comme s'ils n'étaient que des marionnettes.

Je préviens tout de suite, ma chronique risque d'être à l'image de ma caboche lorsque je repense à ma lecture : fouillie, brouillon, contradictoire. J'ai aimé ce livre, et en même temps je n'ai pas aimé. Déjà, retenons que King's Game fait partie de ces thrillers hautement addictif. Il m'a fait lever des sourcils dubitatifs un nombre incalculable de fois, mais à aucun moment je ne suis parvenue à lâcher ma lecture. En quelques heures, je me suis prise au jeu du roi, cherchant les indices et tentant de comprendre ce qui se tramait en coulisses. Ce livre joue parfaitement son rôle, il prend le lecteur à la gorge et aux tripes et ne nous lâche qu'une fois la dernière page tournée.

À plusieurs reprises, j'ai eu en tête les images de Battle Royal, le film japonais de Kinji Fukasaku, aujourd'hui très connu. C'est la même ambiance un peu malsaine, le même style surjoué… Et ça explique aussi pourquoi d'un autre côté, je me suis sentie extérieure et mitigée. Les réactions des personnages sont surfaites, et puis à d'autres moments inadéquates. Ce qui pourrait passer pour de la nuance à première vue sonne faux, et je pense que je l'ai perçu de cette façon parce que je ne suis pas habituée à la littérature japonaise et que c'est un aspect des personnages que l'on retrouve systématiquement dans leurs mangas, leurs animés ou encore dans leurs romans. Même si certains passages sont fort détaillés et explicites, une distance se créer, ce qui m'a empêchée de me sentir horrifiée pour de bon.

L'histoire en elle-même est un point fort. L'auteur maîtrise son intrigue et entretient le contexte macabre jusqu'à la fin. Il y a du sang, du gore, des passages extrêmement dérangeants, et une petite voix nous chuchote tout le long que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. On pourrait dire qu'il y a parfois de la surenchère, moi en tout cas, j'ai beaucoup aimé cet enchaînement d'actions et de défis toujours plus compliqués et inattendus.

La plume est sans doute ce qui m'a le plus dérangé. Comme je le disais plus haut, la façon dont Nobuaki Kanazawa a mis en place son intrigue est intéressante et novatrice, mais le style d'écriture est parfois tellement décousu, que je me suis surprise à revenir en arrière pour comprendre ce qu'il en était, comment j'avais pu en arriver là. le héros se lance parfois dans de longues introspectives et parle même à voix haute alors qu'il est seul. Les personnages ne sont pas crédibles à mes yeux. Là encore, c'est peut-être un problème de culture, car ils ne répondent pas comme moi je l'aurais fait dans une situation pareille. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les mentalités japonaises, il risque d'y avoir quelques petites difficultés à ce niveau-là.

Un aspect de l'histoire m'a aussi titillé du début à la fin : la réaction des adultes. Les parents s'inquiètent à peine, ne se posent aucune question en voyant que les camarades de leurs enfants calanchent les uns après les autres. La police ? Elle se contente de ramasser les corps ; lorsque les élèves leur parlent du jeu du roi, ils se contentent de chasser leurs paroles d'un geste de la main en disant qu'ils ont trop d'imagination. Pour moi, c'est LE truc hautement improbable. Qu'on soit japonais, français, portoricain ou mongol, personne ne réagirait de cette façon. Il y aurait eu une enquête approfondie, des interrogatoires, des surveillances… Et là, rien du tout.

N'allez pas vous imaginer que c'est une déception. Je ne suis pas mitigée pour de bon, parce que quelque part, ce livre a vraiment quelque chose, une petite étincelle qui attire et qui donne envie d'aller encore plus loin pour comprendre sur quoi repose toute l'intrigue. D'un autre côté, il y a énormément de points noirs, j'en ai conscience. C'est assez paradoxal. Globalement, c'est une histoire réellement prenante, qui fait passer son lecteur par tous les états nauséeux possibles. J'ai été très surprise à de nombreuses reprises. L'auteur trouve toujours le gage qui nous tire un haut-le-coeur et nous laisse baba.

En résumé, ce fut une lecture… étrange. Aimée ou pas aimée, je ne sais pas encore ; je vous dirai ça quand j'aurai lu la suite. King's Game est une histoire très ancrée dans la culture japonaise, ce qui en rebutera certains, mais c'est aussi une intrigue bien ficelée, une ambiance glauque et des surprises à foison.


Lien : http://april-the-seven.weebl..
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