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Critique de ego_lector_


Vernon Sullivan ou le double maléfique de Boris Vian.

Nous sommes en 1946, Vian est déçu par ses débuts littéraires et son ami Jean d'Halluin peine avec les éditions du Scorpion : « je vais te le faire, moi, ton best seller ! Et sûr de son coup, parie qu'il peut boucler ça en dix jours ». Ainsi naît Vernon Sullivan, ce sombre alter-ego.

« Du bruit. du scandale. du souffre et son odeur, quoi. […] Que ça fasse hurler les réacs, enrager les bourgeois. Que ça fasse trembler les ménages et suer les censeurs. Que plus un gratte-papier n'ait autre chose à penser. Que plus un soûlard dans les bistrots n'ait autre chose à commenter. »

Entre 46 et 50 paraissent alors J'irai cracher sur vos tombes, les morts ont tous la même peau, Et on tuera tout les affreux et Elle se rendent pas comptent, des romans noirs, venus d'Amérique où se mêlent sexe, violence, crime, vengeance et où le sordide concurrence l'érotisme.

Le succès ne vient pas seul. Les frasques de Mister Vernon ont des conséquences sur Dr Vian. « Le canular, en vérité, est un jeu sérieux. » n'a jamais été aussi vrai, et ce qui devait être une blague bien juteuse, devient un véritable scandale.

Cette histoire est vraie et ne manquera pas d'intéresser ceux qui souhaitent approcher Boris & Vernon de plus près.

Je regrette néanmoins que le procès, l'éviction de Vian par le " Gars Limard ", ( entre autres ) n'aient pas été racontés avec une épaisseur plus romanesque, car il y avait matière. Et même si la désinvolture avec laquelle sont consignés ces événements est digne de Boris ( à la manière de notes prises à la volée sur un carnet qu'il promènerait un peu partout, Vernon ? ), cela ne me suffit pas.

Du fait de l'hésitation – essai, roman, biographie ? – la narration, elle, perd de son efficacité, mais le ton est bien choisi. Mi-grave, mi-cabotin, il est celui du livre à lire sur un coin de terrasse comme Boris, quand « comme tous les matins, il arrive en avance et s'installe à la terrasse qui fait l'angle de la rue Rochechouart et de l'avenue Trudaine, là où l'équipe se réunit d'ordinaire », attendant les rires et les martinis des amis qui le rejoignent.
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