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EAN : 9782253141433
219 pages
Le Livre de Poche (01/03/1997)
  Existe en édition audio
3.89/5   4924 notes
Résumé :
Lee Anderson, vingt-six ans, a quitté sa ville natale pour échouer à Buckton où il devient gérant de librairie. Il sympathise dans un bar avec quelques jeunes du coin. Grand, bien bâti, payant volontiers à boire, Lee, qui sait aussi chanter le blues en s'accompagnant à la guitare, réussit à séduire la plupart des adolescentes. Un jour il rencontre Dexter, le rejeton d'une riche famille qui l'invite à une soirée et lui présente les soeurs Asquith, Jean et Lou (17 et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (246) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 4924 notes
Boris Vian prend un pseudonyme et se livre dans un roman policier noir (sans aucune once de racisme !) sur la condition des Noirs face au racisme des Blancs.

Le titre est évocateur et clair, on intègre rapidement qu'il s'agit d'une histoire de vengeance. Mais cela va plus loin ! Il s'agit du refus d'accepter d'être marginalisé et de la nécessité viscérale de se délivrer d'une douleur trop violente en faisant mal à son tour.
C'est un cri de rage et de désespoir pour défendre ses origines, sa couleur de peau.

C'est une lecture dérangeante. La crudité des propos est là pour mieux accentuer ce qu'elle veut dénoncer.
Acide, grinçante, parfois l'écriture est quasi automatique, sans fioritures ni demi-mesure, dans un style brutal qui transmet une sorte d'énergie bestiale.
Cet instinct animal tapi à l'intérieur de chaque être est prêt à tout pour calmer la colère, la tristesse, la frustration.

La rage qui pousse à la vengeance.

L'étude de la psychologie des personnages est très fine, et sans les absoudre, l'auteur essaye de comprendre les comportements abjects qui les placent autant comme victime que comme bourreau.

Tragique et enragé Boris Vian veut qu'on regarde de front la noirceur d'un monde sans concession et condamne le racisme sous toutes ses formes, dans une période historique marquée par l'antisémitisme et l'apartheid.


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"Je la renversai sur le divan et j'arrachai le devant de sa robe. Elle se débattait comme un beau diable. Ses seins jaillirent de la soie claire.
- Lâchez-moi. Vous êtes une brute !
- Non, dis-je. Je suis un homme."

Ça, c'est pour le ton du roman, ça me semble tout à fait représentatif.

Publié en 1946 (et interdit aux Etats-Unis, pays où se déroule l'action), "J'irai cracher sur vos tombes" est un roman coup de poing qui frappe le lecteur avec la violence et la soudaineté d'une balle de revolver (enfin, j'imagine, n'ayant jamais reçu de balle de revolver).

Sud des Etats-Unis, Lee Anderson tient une librairie dans une petite ville où les adolescents sont aussi crétins que leurs copines sont belles, de vraies pin-up. Nouvel arrivant, il se lie facilement avec les jeunes du coin, ne lésinant pas sur les bouteilles de whisky pour se faire accepter. Bien que plus âgé, il séduit par son assurance et son physique. Très vite, il devient la coqueluche des ados. Mais sous ses dehors agréables, Lee cache un secret, celui d'une vengeance contre la société dominatrice, celle des Blancs.

Âmes sensibles s'abstenir !
Sexe, alcool et violence, voilà le programme. Un roman tellement cru et direct qu'on doit faire un véritable effort pour ce rappeler la date et le contexte de sa publication. Vous me direz, est-il plus violent que les six années de guerre qui venaient de s'achever ?

Malgré la dureté des thèmes abordés, j'ai été complètement hypnotisée par le roman et par le style de Boris Vian. Impossible de lâcher ma lecture. Voilà ce que j'aime, une littérature qui dérange, qui me sort de ma zone de confort, qui me heurte même mais qui me réveille aussi.

Un coup au coeur.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge MULTI-DÉFIS 2017
Challenge 1914-1968 2017
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1946 , première parution en date sous le pseudonyme de Vernon Sullivan .
1949 , interdiction prononcée pour atteinte aux bonnes moeurs assortie d'une condamnation de principe .
Si ce genre de mésaventure prête à loler comme un ouf' de nos jours , il nous faut , cependant , nous replonger dans le contexte d'époque , spécifiquement dans ce bon vieux Sud , terre d'accueil toujours aussi emblématique pour le frère de couleur en mal d'amitié sincère et durable qui se voyait immanquablement , dès son arrivée , chaleureusement offrir une petite cagoule blanche en pointe du plus bel effet quand ce n'était pas la corde de l'amitié voire le petit braséro de la St Jean , signe d'une camaraderie indéfectible en devenir !

Lee Anderson , 26 balais , vient s'échouer à Buckton pour y tenir une petite librairie .
Ses hobbies ? le triple B : écouter ou jouer du blues , boire et baiser .
Son histoire , sa quête , son inaccessible espoir , il va l'inscrire dans le stupre et le sang , un seul leitmotiv comme moteur de vie : la vengeance obsessionnelle !

J'irai cracher sur vos tombes est effectivement d'une rare violence . Brutalité des mots , furie libidineuse des corps et des âmes . Ici , point de héros susceptible de susciter la moindre empathie car tout n'est que débauche , luxure et dépravation . Ah , elle est belle la jeunesse , tiens !
On aime ou on déteste . J'ai plutôt accroché !
Une écriture , certes , scabreuse , faisant parfois dans la facilité et la démonstration à outrance mais largement compensée par un récit ultra prenant à la tension palpable allant crescendo .
Vian impose un scénario malsain que l'on pressent très rapidement tout en parvenant à scotcher un lecteur n'attendant plus qu'un dénouement hors norme .Une écriture entêtante , véritable petite musique funèbre pour un final magistral !

J'irai cracher sur vos tombes : m'en fous , je compte faire don de mon corps à la science histoire de partir sur une dernière blagounette...
Au crachat , je préférerai...
http://www.youtube.com/watch?v=hEuVWnKMMSM
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"J'irai cracher sur vos tombes" fut écrit en deux semaines - en août 1946 - par Boris Vian, sous l'identité du fictif romancier américain Vernon Sullivan, à la demande de son ami Jean d'Halluin pour sa toute jeune maison d'édition “Scorpion” qui recherchait alors des oeuvres dans la veine des romans noirs américains, et le texte fut conçu comme un pari à la fois littéraire et commercial - l'idée étant de susciter le même scandale et les mêmes rentrées financières que le “Tropique du Cancer” de Henry Miller qui venait de paraître aux Etats Unis.

Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le sexe et la violence - ingrédients incontournables du roman noir américain - soient au coeur de ce roman de Boris Vian, ou plutôt de Vernon Sullivan. Pourtant, Vian va bien au-delà du canular et du simple pastiche à vocation commerciale et construit ici une véritable oeuvre littéraire dont l'intérêt perdure par-delà le parfum de scandale et la curiosité suscitée par sa censure et la condamnation de son auteur. Car le sexe et la violence qui lui furent alors reprochés au nom de la morale et de la bienséance n'ont certes là rien de gratuit ni d'aguicheur.

“S'il n'y avait pas de rapports sexuels entre les Blancs et les Noirs, il n'y aurait pas de métis, il n'y aurait pas de problème”, déclara Boris Vian à propos de "J'irai cracher sur vos tombes" lors d'un entretien radiophonique en 1959. Et c'est bien là, effectivement, que se situe le problème, dans le roman comme dans cette Amérique puritaine, raciste et ségrégationniste de l'immédiat après-guerre aux yeux de qui le peuple Noir, à mi-chemin de l'esclave et de l'animal, ne saurait appartenir pleinement à la race des humains.

Avec ce texte délibérément transgressif, dérangeant et brutal qui brandit la provocation jusque dans son titre, avec le personnage de Lee Anderson, sa rage froide et sa haine, son immoralité et la violence de sa vengeance, Boris Vian - bien loin de toute pornographie facile et racoleuse - proclamait alors au monde, et particulièrement aux Etats Unis où le livre fut immédiatement interdit, sa révolte et sa colère face au traitement infligé à tout un peuple, lui qui vouait un tel amour à une autre Amérique - celle de ses grands auteurs, de ses cinéastes, de ses joueurs de blues et de ses jazzmen afro-américains.

Un grand livre où l'on retrouve le meilleur de Boris Vian : son écriture, son intelligence et l'intransigeante pureté de son insoumission et de ses engagements.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Buckton, sud des Etats-Unis, nous sommes en pleine ségrégation raciale. Dans cette petite ville débarque un jour Lee Anderson, une lettre de recommandation et un dollar en poche. Ayant tout laissé derrière lui, il devient gérant d'une petite librairie et s'apprête à changer de vie.
Il s'ennuie un peu et décide d'aller voir dans le bar d'en face. Là, il fait la connaissance de quelques adolescentes, les Bobby-soxers, et leurs amis. Finalement, ils passent le plus clair de leur temps ensemble, près de la rivière à se baigner, boire et faire l'amour.
Mais derrière cette belle apparence se cache un homme, avide de vengeance, pour les punir de ce qu'ils ont fait au "gosse"...

Encore une lecture qui ne peut nous laisser de marbre...
A la fois dérangeant, troublant, parfois écoeurant, intrigant, violent, cru... les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce roman de Boris Vian.
L'auteur raconte, dans les moindres détails, les scènes de sexe en passant par la violence et la haine qui habite son anti-héros. Porté par ce mystérieux personnage, le roman sait nous dévoiler progressivement l'intimité de cet homme blessé et animé d'une soif de vengeance. Vengeance qui ira crescendo au fil des pages et qui se terminera par un final assez époustouflant.
L'écriture est acérée et âpre, avec des dialogues incisifs et percutants et des scènes à l'aune d'un titre provocateur.

Un bon roman dé-Vian ...
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Citations et extraits (135) Voir plus Ajouter une citation
Elle était lisse et mince comme une herbe, et odorante comme un magasin de parfumerie. Je m’assis et me penchai au-dessus de ses jambes, et je lui embrassai l’intérieur des cuisses, à l’endroit où la peau des femmes est aussi douce que les plumes d’un oiseau. Elle resserra ses jambes et puis les écarta presque aussitôt, et je recommençai un peu plus haut. Son duvet brillant et bouclé me caressait la joue, et, doucement, je me mis à la lécher à coups légers. Son sexe était brûlant et humide, ferme sous la langue, et j’avais envie de la mordre…
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Les livres sont très chers, et tout cela y est pour quelque chose; c'est bien la preuve que les gens se soucient peu d'acheter de la bonne littérature; ils veulent avoir lu le livre recommandé par leur club, celui dont on parle, et ils se moquent bien de ce qu'il y a dedans.
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Elle a ouvert les yeux de nouveau. Le jour venait, et je les voyais briller de larmes et de rage ; je crois que je reniflais comme une espèce de bête et elle s’est mise à gueuler. Je l’ai mordue en plein entre les cuisses. J’avais la bouche remplie de ses poils noirs et durs ; j’ai lâché un peu et puis j’ai repris plus bas où c’était plus tendre. Je nageais dans son parfum, elle en avait jusque là, et j’ai serré les dents. Je tâchais de lui mettre une main sur la bouche, mais elle gueulait comme un porc, des cris à vous donner la chair de poule. Alors, j’ai serré les dents de toutes mes forces, et je suis rentré dedans. J’ai senti le sang me pisser dans la bouche, et ses reins s’agitaient malgré les cordes. J’avais la figure pleine de sang et j’ai reculé un peu sur les genoux. Jamais je n’ai entendu une femme crier comme ça ; tout d’un coup, je me suis rendu compte que tout partait dans mon slip ; ça m’a secoué comme jamais…
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- Qu'est-ce qu'on vous sert ? demanda-t-il.
- Deux bourbons, commanda Hansen en m'interrogeant du regard.
J'acquiesçai.
Le garçon nous les donna dans deux grands verres, avec de la glace et des pailles.
- Je le prends toujours comme ça, expliqua Hansen. Ne vous croyez pas forcé...
- Ça va, dis-je.
Si vous n'avez jamais bu de bourbon glacé avec une paille, vous ne pouvez pas savoir l'effet que cela produit. C'est comme un jet de feu qui vous arrive sur le palais. Du feu doux, c'est terrible.
- Fameux ! approuvai-je.
Mes yeux tombèrent sur ma figure dans la glace. J'avais l'air complètement sonné.
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Personne ne me connaissait à Buckton. Clem avait choisi la
ville à cause de cela ; et d’ailleurs, même si je m’étais dégonflé, il
ne me restait pas assez d’essence pour continuer plus haut vers
le Nord. À peine cinq litres. Avec mon dollar, la lettre de Clem,
c’est tout ce que je possédais. Ma valise, n’en parlons pas. Pour
ce qu’elle contenait. J’oublie : j’avais aussi dans le coffre de la
voiture le petit revolver du gosse, un malheureux 6,35 bon marché ; il était encore dans sa poche quand le shérif était venu
nous dire d’emporter le corps chez nous pour le faire enterrer.
Je dois dire que je comptais sur la lettre de Clem plus que sur
tout le reste. Cela devait marcher, il fallait que cela marche. Je
regardais mes mains sur le volant, mes doigts, mes ongles.
Vraiment personne ne pouvait trouver à y redire. Aucun risque
de ce côté. Peut-être allais-je m’en sortir.
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Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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