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Critique de kielosa


Parti sur sa lancée de 2006 avec son ouvrage "Petit journal de bord des frontières" l'auteur albanais a continué, 4 ans plus tard, avec le présent livre édité en Grèce en 2010 et paru en Français en 2013 grâce aux Éditions Intervalles de Paris.
L'auteur, Gazmend Kapllani, sait de quoi il parle, puisqu'à 24 ans, en 1991, il a échangé son paradis marxiste d'Albanie contre la Grèce voisine.
Je me permets de vous rappeler ma critique du 18 janvier de cette année de son premier ouvrage.

Si dans son premier ouvrage le périple pénible du passage de la frontière se trouvait au centre de son récit, son second livre analyse les différents aspects d'une adaptation mentale et humaine à la réalité d'un nouvel État, en l'occurrence donc la Grèce.

Au moment d'écrire cet ouvrage, l'auteur ne pouvait pas prévoir les sérieuses difficultés qui se présenteront à la frontière greco-turque, 3 décennies plus tard à la suite des combats d'Idleb entre troupes turques d'Erdogan et soldats de Bashar al-Assad de Syrie et la politique dubieuse de l'inévitable Poutin qui défend pour des raisons obscures son pote Assad.
Cette situation est d'autant plus scandaleuse lorsqu'on entend la jeune pédiatre, Ammani Ballour, qui pendant 5 ans dans ĺ'hôpital souterrain de la ville de Douma en Syrie a tout fait pour sauver des enfants, victimes des bombardements de l'armée d'Assad.

Les Albanais ne sont guère appréciés chez leurs voisins grecs, qui les considèrent comme des ploucs tout juste bons aux travaux les plus ingrats.
Une façon de se faire moins remarquer et, qui sait, se faire accepter consiste à parler la langue du pays sans le moindre accent étranger. Pour notre auteur cela devient pratiquement une obsession et il est constamment en train d'apprendre du vocabulaire et de la grammaire grecs. Il étudie consciencieusement un manuel grec et lit un roman dans cette langue tout en notant fébrilement des mots et faisant des sacrés efforts de mémorisation. Même des graffitis du genre "La Macédoine est grecque" et "Dehors les Albanais" y passent.

La belle jeune fille "Europe" qu'il a rencontrée à l'université et avec qui il a des rapports très sages au début et après un peu moins, admiré ses efforts linguistiques continus et se réjouit de ses progrès.

Pour illustrer les peines et imprévus des réfugiés, Gazmend Kapllani mentionne le sort de 9 autres "cas" : Rozina qui vient de Téhéran ; Abas de Kaboul ; l'Albanaise Enke Fezolari qui se souvient encore de la visite de Mère Térésa à Tirana ; Nguyen Tang Hui du Vietnam ; Giorgos Koinas originaire de la Canée en Crète qui est passé par la Russie et la Pologne ; Anna qui sort de l'Arménie ; Illias Poulos qui est passé par Paris et Tachkent en Ouzbékistan ; Katerina Barbogia, qui est née à Athènes, mais de père ghanéen et de mère originaire du Kenya ; Andreas qui est né à Paris, mais d'un père qui vient de Kutahya en Anatolie (Turquie).

Autant de vies, autant de sorts différents ou comment Gazmend Kapllani, dans l'espace de peu de pages, réussit à nous brosser un vaste tableau de la misère humaine due à la bêtise humaine.

Enver Tokhti du Xinjiang en Chine raconte à l'auteur que pendant la période dictatoriale et de grande amitié entre Pékin et Tirana, plein de petits Enver naquirent au pays de Mao en honneur au Grand Guide Enver Hoxha. L'Enver chinois précise que rien que dans sa classe à l'école primaire des 18 garçons inscrits, 6 s'appelaient Enver.
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