Les enquêtes de Middleton et Grice, tome 1 : Petits meurtres à Mangle Street

Il semblerait qu’il y ait en ce moment une véritable guerre entre les partisans des cordes courtes, les étrangleurs, et les adeptes des cordes longues, les briseurs de cou.

Le bourreau préconisait une mort rapide et refusait de travailler avec une corde trop courte.

— Si je devais vous prévenir au sujet de tous les périls potentiels des rues de ce labyrinthe du vice, cela prendrait des années.

— Plus intolérable que vous ne le sachiez, expliqua Grice. Son procès a attiré une telle foule que je n’ai pas pu me faire servir une seule tasse de thé pendant deux jours consécutifs et que mon premier flacon à rétention de chaleur fut réduit en miettes dans la panique générale.
— Monsieur Grice était au bord des larmes, précisa l’inspecteur Pound.

— Vous ne savez pas lire ? demanda-t-il.
— Comme vous êtes bon de nous le demander ! dit Sidney Grice, mais, comme ce lieu n’est pas une bibliothèque de prêt, je ne vois pas en quoi mon niveau d’instruction vous intéresse en quoi que ce soit.

— Ma chère mademoiselle, il vous faut cependant comprendre que les humeurs imprévisibles du cœur féminin ne sauraient rivaliser avec la logique imparable et la perspicacité pénétrante du cerveau masculin.
— Je vous remercie pour ces précisions, dis-je.
L’inspecteur sourit et tendit la main, au point que, pendant un moment, je crus qu’il allait me tapoter la tête.
— Je vous en prie, dit-il en me tapotant effectivement la tête. Laissez-moi vous reconduire.

— Je n’ai que deux mains.
— Bien que je ne possède pas votre formation dans la police, je l’avais remarqué, dit Grice, mais je remarque également qu’elles sont désormais libres.

— Si le fait d’assassiner la langue était considéré comme un délit, vous seriez en train de casser des cailloux en ce moment, rétorqua Grice.

— L’esprit humain n’est pas capable de mesurer ou de recéler toute l’agonie du monde, déclara Sidney Grice, ou nous perdrions la raison.

— Surtout pas du jambon. J’ai connu des cochons aussi sages que des juges et bien plus intelligents que des jurés, et certainement plus parfumés.

— Vous n’avez jamais entendu parler des microbes ? demandai-je.
Parker sourit.
— Oui ! Ben, j’ai aussi entendu parler des fées, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui en avait vu une.