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Critique de Alfaric


Avec ce livre, Gabriel Katz nous fait du Gemmell like, light sans doute mais agréable à lire.


On alterne les points de vue de Leth Marek, champion d'arène qui veut refaire sa vie et qui va tout perdre, et celui de Varian, jeune orphelin qui veut faire sa vie et qui risque bien de tout perdre ! Et c'est l'amour qu'ils portent l'un à une jeune prêtresse, l'autre à une jeune prostituée, qui va peut-être les rassembler…
Difficile de ne pas voir dans Leth Marek le vieux guerrier blasé se battant à coup de hache et de punchlines stalloniennes un hommage à Druss le vieux guerrier blasé se battant à coup de hache et de punchlines stalloniennes, héros fétiche du regretté David Gemmell, maître anglais de la fantasy épique. Mais cela va largement au-delà de l'emprunt car quantité de petites choses rappellent tout ce qui a plu aux easy readers amateurs du genre…
Le premier chapitre est excellent, mais la suite n'est pas du même tonneau. Qu'importe, on adore s'attacher aux bons et détester les méchants, et tout se lit très bien et très vite car c'est fluide et dynamique. Et le chapitrage bien pensé et les nombreux rebondissements, parfois dark histoire de montrer qu'on n'est pas chez les bisounous, font de ce livre un bon page-turner ! Par contre les twists de fin sont encore plus sadiques que ceux des fins de saisons des séries hollywoodiennes… Vite la suite, le suspens est insoutenable avec ces trahissions et ces révélations de ouf !!!

Par contre 3 points ont refreiné mes bonnes sensations :
- le 1er point, c'est que les dialogues étaient sont régulièrement comme en décalage avec le ton et leu, avec des tirades trop légères et trop familières, voire djeun des « ta gueule », « ta mère », « eh gros… » « tu commences à me courir sur le haricot « ça me fait une belle jambe »… D'un autre c'est côté c'est éditer par Scrinéo, un éditeur spécialisé en Young Adult, donc impossible de savoir si c'est un style propre à l'auteur ou s'il s'est exécuté pour se rapprocher du public cible.
- le deuxième truc c'est que le worlbuilding est particulièrement limité
Une ville qui se résume à un quartier, un village qui se résume à un château, quelques campements et 1 ou 2 auberges… Cela ne va pas plus loin que les décors d'une série cheap genre ce bon "Zorro" de Disney. Je m'excuse par avance auprès des amateurs de l'auteur s'ils me trouvent dur sur ce point, car j'ai peut-être loupé quelque chose puisqu'il s'agit du 5e livre de l'auteur situé dans le même univers qu'il a créé… (Peut-être que mis bout à bout, il s'étoffe par petites touches ?)
- le 3e truc c'est qu'on devine très rapidement que le thème principal sera suivi des guerres de religions, mais en s'inspirant d'époques et donc de civilisations différentes, cela nuit à la construction et donc la perception du truc.
Les deux religions semblent rejouer le psychodrame collectif des païens persécuteurs et des chrétiens martyrisés, mais le culte naturaliste de la Grande Déesse emprunte tellement à l'Eglise médiévale avec ses prélats et ses inquisiteurs que cela vient inutilement brouiller les pistes. On peut aussi voir une opposition entre catholiques conservateurs et protestants réformateurs, mais ici c'est l'église en place qui utilise le dogme de la prédestination pour justifier les inégalités sociales…
Finalement ancienne religion et nouvelle religion sont renvoyés dos à dos car les deux camps ne souhaitent que le pouvoir et l'argent, misant sur le choc des civilisations et la radicalisation des positions (comme les politiques qui veulent inspirer une ferveur qui servira leurs desseins, mais à laquelle ils ne succomberont jamais)… Mine de rien, on dirait les discours actuels des dirigeants de la planète, qu'ils soient capitalistes ou terroristes… L'auteur développerait-il un discours anti-système ? Bien sûr que oui avec cette récurrence des piques contre les homines crevarices qui ne jurent et vivent que pour l'argent et le pouvoir qu'il octroie sur autrui ! ^^


Pour ne rien gâcher, le livre-objet est réussi avec une belle illustration de couverture d'Aurélien police, une mise en page claire et aérée ainsi que du papier agréable au toucher. Et après des éditeurs pleureuses vont encore se lamenter qu'on ne peut plus imprimer en France et qu'ils sont obligés de délocaliser dans un pays à plus bas coût de la main-d'oeuvre. Il va sans dire qu'ils sont hypocrites en plus d'être pathétiques.
C'était mon premier Gabriel Katz, et vraisemblablement pas le dernier, et les easy readers vont adorer…
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